Les éléments de contexte à prendre en compte
Une fois que l’on sait ce que l’on recherche, il convient de se pencher sur une autre question cruciale : l’information que l’on souhaite obtenir a-t-elle une chance d’exister et d’être publiée légalement quelque part ?
Car en fonction de la structure de l’entreprise (cotée, publique ou privée, grande entreprise ou petite startup ou TPE, etc.) et surtout en fonction du pays dans lequel est domiciliée l’entreprise, les obligations légales varient considérablement.
En règle générale, les entreprises cotées ou publiques ont des obligations de publication de résultats et autres documents officiels quel que soit le pays. C’est pour les entreprises privées qu’il est souvent beaucoup plus difficile d’obtenir des informations.
Prenons quelques exemples :
- En France par exemple, les sociétés par actions, les SARL, certaines SNC et certaines SCS doivent chaque année déposer au greffe du tribunal de commerce les documents suivants : les comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe), la proposition d’affectation du résultat et la résolution votée, le rapport du conseil de surveillance (pour les SA à directoire et conseil de surveillance, et les SCA), le rapport des commissaires aux comptes (quand applicable), les comptes consolidés et le rapport des commissaires aux comptes sur ceux-ci (quand applicable). On notera que les micro-entreprises ont maintenant la possibilité de demander la non publication de leurs comptes annuels une fois déposés.
- En Allemagne, les grandes entreprises privées ou de taille moyenne doivent communiquer leurs comptes annuels (même si beaucoup ne le font pas). C’est également le cas au Royaume-Uni (cela dépend de la taille de l’entreprise), en Italie (si le chiffre d’affaire est supérieur à un million d’euros), en Espagne (même si beaucoup ne le font pas), aux Pays-Bas, en Belgique, en Autriche ou encore en Irlande.
- Aux Etats-Unis, en revanche, les entreprises privées n’ont aucune obligation de publier leurs informations financières.
Il convient alors de vérifier quelle réglementation s’applique dans chaque pays.
Pour vérifier quelle réglementation s’applique, il existe plusieurs solutions :
- consulter la documentation des serveurs et bases de données spécialisés sur l’information entreprise comme Bureau Van Dijk ou D&B qui produisent généralement des guides sur la réglementation dans chaque pays (ces guides sont souvent réservés aux abonnés et ne sont pas toujours mis à jour) ;
- consulter les guides pays réalisés par les grands cabinets d’audit et de conseil (PwC, Deloitte, KPMG etc.) ou le site Doing Business réalisé par la banque mondiale qui aborde souvent ces questions ;
- effectuer une recherche sur Google en croisant le nom du pays avec « company filings requirements ».
Il faut avoir à l’esprit que dans les pays en voie de développement, il n’y a pas ou peu d’obligation en la matière pour les entreprises privées.
Il faudra alors se méfier des sources qui indiquent posséder des informations notamment financières sur des sociétés privées basées dans ces pays car il s’agit bien souvent d’estimations (et non des chiffres réels et vérifiés) qui peuvent être plus ou moins loin de la réalité. On se méfiera également des données sur les entreprises dans des pays bien connus pour leur haut degré de corruption car ce n’est pas parce que les chiffres sont légalement publiés qu’ils sont véridiques. Enfin on évitera de tomber dans le piège des sites, payants, prétendant proposer des rapports « prêts à l’emploi » sur le monde entier, sites sur lesquels on tombe systématiquement lors d’une recherche société. Il est extrêmement difficile de qualifier et référencer avec certitude ce type de sites. A cet égard, nous ne savons que penser du site Info Clipper : les deux achats effectués dans le passé nous laissent penser qu’il pourrait précisément appartenir à cette troisième catégorie.
Les sources d’informations gratuites
Les entreprises cotées et publiques ont des obligations légales ce qui permet d’obtenir beaucoup d’éléments sans frais ou à peu de frais. En revanche, pour les entreprises privées, le Web ouvert ne donnera accès qu’à des éléments de premier niveau. Il faudra ensuite se tourner vers des bases de données et des fournisseurs d’information (les données seront alors accessibles par abonnement ou en pay as you go).
Un bon point de départ reste le site Web de l’entreprise elle-même. Pour les entreprises cotées ou publiques, on trouvera généralement beaucoup d’informations directement en ligne (rapports annuels notamment). Pour les entreprises privées, c’est un peu la loterie mais on n’est jamais à l’abri de bonnes surprises en fouillant toutes les rubriques du site.
La presse peut également fournir des données intéressantes (effectifs, licenciements et embauches en cours, quelques données financières, etc.). De manière gratuite, on pourra interroger Google News (tout en ayant bien conscience qu’on est très loin de l’exhaustivité et qu’il existe probablement des articles de presse locale qui ne sont pas indexés par le moteur) et identifier et consulter les sites des journaux nationaux ou locaux où est implantée l’entreprise s’ils sont en libre accès.
Comme nous l’avions mentionné précédemment, dans certains pays notamment européens, les entreprises privées ont des obligations de publications de résultats. Ces données sont alors publiées sur les sites des organismes en question ainsi que sur des sites spécialisés.
Pour la France, on pourra citer :
- Infogreffe (registre du commerce et des sociétés) : les informations de base sont gratuites mais les documents et actes officiels payants - https://www.infogreffe.fr
- Le Bodacc - http://www.bodacc.fr Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales
- Actulegales, le site officiel des annonces légales d’entreprises - https://actulegales.fr
Depuis le printemps 2016, il existe un portail d’information appelé PPLE.fr qui permet d’accéder à plus de 8 millions d’entreprises et indique pour chacune d’elles, les informations ou publicités légales disponibles sur les sites partenaires (en l’occurrence actulegales.fr, bodacc.fr et Infogreffe.fr).
- La base de données SIRENE produite par l’INSEE https://www.sirene.fr/sirene/public/accueil. Recherche par numéro SIREN ou SIRET - les données sont très basiques (tranche d’effectif, adresse, établissements secondaires, catégorie juridique).
- Ellisphere (anciennement Coface) - https://www.ellisphere.fr. Un site qui fournit des fiches entreprises détaillées : effectif, capital social, dernier CA connu, date de création, informations sur les dirigeants, chiffres-clés, derniers événements (jugement ou publication BODACC), listing des profils Viadeo et LinkedIn mentionnant l’entreprise. Gratuit.
- Societe.com : présentation de la société, renseignements juridiques, chiffres-clés, dirigeants. Les documents officiels numérisés et les annonces d’évènements sont payants.
- World REGInfo, une base de données française qui couvre les sociétés cotées en France mais également dans le reste du monde. Une cinquantaine d’indice sont couverts comme le CAC40, le S&P 100, etc. et on trouve des rapports annuels, trimestriels et semestriels, des documents de référence, des comptes rendus d’AG, etc. ainsi que des communiqués de presse (ce qui fait l’une des particularités de cette base par rapport à la concurrence).
Dans la même veine, on trouve également des sites comme http://www.info-societe.com ou encore http://www.verif.com.
Pour les autres pays européens, on se tournera vers les registres du commerce ou autres organismes comme :
- Handelregister : https://www.handelsregister.de (Allemagne)
- Federal Gazette https://www.bundesanzeiger.de (Allemagne)
- Companies House - https://www.gov.uk/government/organisations/companies-house (UK)
- Registro Imprese http://www.registroimprese.it (Italie)
- Registro Mercantil - http://www.rmc.es (Espagne)
- La centrale des bilans de la Banque nationale de Belgique - https://www.nbb.be (Belgique)
- FirmenMonitor (proposé par le Weiner Zeitung) - http://www.firmenmonitor.at (Autriche)
- Companies Registration Office - https://search.cro.ie/company (Irlande)
En dehors de l’Europe, on citera EDGAR pour les sociétés cotées sur le marché US (américaines ou étrangères) (http://www.sec.gov/edgar/searchedgar/companysearch.html) et SEDAR pour le Canada (http://www.sedar.com). Toutes les sociétés par actions et fonds d’investissements ont l’obligation d’y renseigner un certain nombre d’informations. Par définition, aucune société privée n’y dépose ses comptes.
Parmi les sources et outils gratuits, il existe un site intéressant appelé Owler (https://www.owler.com) qui propose gratuitement des profils d’entreprises sur plusieurs dizaines de millions d’entreprises. Le concept est original car Owler agrège des données de multiples sources (données financières, actualités, statistiques sur les réseaux sociaux, liste de concurrents, etc.) mais surtout compte sur sa communauté pour alimenter et enrichir les profils d’entreprises.
Chaque membre est invité à intégrer des informations sur l’entreprise dans laquelle il travaille ou à ajouter des données sur des entreprises pour lesquelles il dispose d’informations. On se méfiera néanmoins des données chiffrées fournies par les utilisateurs eux-mêmes et on essayera au maximum de recouper avec d’autres informations pour s’approcher le plus possible de la réalité.
Parmi les autres sources susceptibles de fournir des données intéressantes, on pourra penser à LinkedIn ou Viadeo afin d’identifier des profils de personnes travaillant ou ayant travaillé dans l’entreprise et qui seraient quelque peu « bavardes » sur la description de leurs activités. Enfin, on ira également jeter un coup d’œil aux offres d’emploi et de stage sur le site de l’entreprise et surtout sur des sites et moteurs spécialisés en recrutement pour éventuellement y dénicher quelques chiffres intéressants.
On ne manquera pas non plus d’interroger Google dans l’espoir de trouver des informations sur des sources insoupçonnées.
Pour ce qui est de la stratégie de recherche sur Google, on croisera le(s) nom(s) de l’entreprise avec les termes de vocabulaire qui se rapportent à l’information sur les entreprises. On privilégiera l’anglais pour toutes les entreprises basées dans des pays non francophones (si on maîtrise la langue locale, c’est évidemment encore mieux).
Voici donc une liste non exhaustive de termes en anglais et en français relatifs à l’information sur les entreprises/sociétés :
Anglais |
Français |
Financials |
Données financières |
Annual report |
Rapport annuel |
Company profile |
Comptes annuels |
Financial statement |
Comptes consolidés |
Financial report |
Profil d’entreprise |
Earning history |
Etat financier |
Income statement |
Rapport financier |
Balance sheet |
Historique des bénéfices |
Key figures |
Compte de résultats |
Key facts |
Bilan comptable |
Executives |
Chiffres-clés |
Company fillings |
Données-clés |
Corporate structure |
Dirigeants |
Corporate hierarchy |
Déclarations |
Mergers & Acquisitions /M&A |
Structure de l’entreprise / structure d’actionnariat |
Ventures |
Hiérarchie |
Deals |
Fusions et acquisitions |
Ratios |
Etat d’endettement |
Valuation (valued) |
Deal |
Swot |
Ratio |
Company snapshot |
Evaluation financière |
Profitability |
Analyse SWOT |
Credit risk |
Rentabilité |
Directorships |
Risque de crédit |
Ownership structures |
Personne exposée politiquement |
PEP |
Sanction |
Sanctions |
Solidité financière |
Company records |
Prévisions |
Financial strength |
Indicateurs |
Forecasts |
Rapports d’analystes |
Analyst report |
|
Fundraising |
|
Rating |
En fonction des résultats, on pourra affiner la recherche en tirant parti des différents opérateurs avancés de Google comme :
Filetype:pdf
pour limiter aux documents PDF qui est un format privilégié pour les rapports.Filetype :xls
pour limiter aux documents Excel qui est un format privilégié pour les données chiffrées.- L’utilisation de deux points pour indiquer un intervalle de date -
2014..2016
pour limiter la recherche aux données les plus récentes. Site:url
pour limiter la recherche au site Web de l’entreprise et y détecter des documents intéressants que l’on aurait manqué lors de l’exploration manuelle du site Web.
Les principaux fournisseurs d’information sur les entreprises
Comme nous l’avons vu, le Web ouvert et gratuit peut permettre de trouver des informations sur les entreprises mais la recherche est chronophage, les données ne sont pas toujours structurées (et il faut recouper une multitude de faits et chiffres issus de sources diverses et variées pour réussir à avoir une image à peu près satisfaisante de la situation d’une société) et surtout, on se prive de nombreuses informations-clés notamment pour tout ce qui concerne les entreprises privées.
Pour toutes ces raisons, il est difficile de faire l’impasse sur les fournisseurs d’information et bases de données spécialisées sur le créneau de l’information entreprise. On pourra les classifier en 3 grandes catégories :
- Les acteurs spécialisés sur l’information entreprise ou plus largement dans l’information financière/marché/business comme Bureau Van Dijk avec Orbis ou Dun&Bradstreet.
- Les serveurs plus généralistes et agrégateurs de presse qui disposent d’une partie dédiée à l’information entreprise.
- Les acteurs spécialisés sur un pays, une zone géographique ou un secteur d’activité.
Nous avons exclu de ce panorama des sources comme Bloomberg ou Datastream qui sont des outils principalement utilisés dans le monde de la finance et dont le coût des licences est tellement élevé que peu d’entreprises ont les moyens d’y souscrire.
L’offre des fournisseurs d’information entreprise est titanesque et il serait impossible de présenter ici un panorama exhaustif. Il existe en effet de nombreux acteurs locaux ainsi que des acteurs spécialisés sur un type d’information seulement (rapports annuels, structure hiérarchique de l’entreprise, ratings, rapports d’analyste, SWOT, etc.).
Nous avons donc choisi de nous focaliser ici sur les principaux acteurs du marché et avons sélectionné des acteurs qui offrent une vision globale des entreprises et sociétés (plutôt qu’un seul type d’information très spécialisée) et agrègent des données en provenance de diverses sources d’information et bases de données.
Nous aurons l’occasion de revenir sur des acteurs très spécialisés sur un type d’information en particulier dans de futurs numéros de Netsources (M&A, SWOTS, Credit Risk, etc.).
Les experts de l’information sur les entreprises
Le marché est principalement dominé par 3 grands acteurs : Dun & Bradstreet, Bureau Van Dijk et Thomson Reuters.
Bureau Van Dijk
BvD est un acteur majeur des bases de données financières et business (voir Bases n° 334 - février 2016 - « Bureau van Dijk : une vaste gamme de bases de données financières et business »).
Bureau Van Dijk propose 17 bases de données entreprise au niveau national (Aida pour les entreprises italiennes, Dafne pour les entreprises allemandes, Diane pour la France ou encore Ruslana pour la Russie, l’Ukraine ou le Kazakhstan.) et 7 au niveau international (Orbis, Amadeus, Osiris). Son produit le plus complet, Orbis, permet d’accéder aux informations suivantes sur plus de 180 millions d’entreprises (dont 65 000 sociétés cotées) dans le monde (230 pays) :
- Des bilans et comptes de résultats détaillés dans un format universel standardisé
- Des prévisions financières
- Des ratios financiers de rentabilité, de marge, de productivité
- Des ratings et indicateurs de solidité financière
- La structure d’actionnariat détaillée avec le nom des administrateurs et dirigeants (85 millions de dirigeants référencés)
- Des informations sur les PEP (Personnalités exposées politiquement) et les sanctions
- Des informations sur les fusions-acquisitions (1 million d’opérations de fusions-acquisitions et rumeurs de marché)
- Des données de propriété intellectuelle (brevets et marques déposées)
- Des rapports sectoriels et prévisions macro-économiques
- Des documents originaux numérisés
- Des dépêches et articles de presse spécialisée
BvD dispose de nombreux partenaires et fournisseurs d’informations pour alimenter ses différentes bases de données (plus de 100 dont Fitch, EIU, LexisNexis, Thomson Reuters, MarketLine, INPI, Global Data, Coface, Dun & Bradstreet, etc.). De plus, l’entreprise dispose d’une équipe de journalistes chargée de rédiger des actualités/articles sur les derniers deals et rumeurs concernant les entreprises.
Lien : http://www.bvdinfo.com
En termes de tarifs, BvD propose 2 formules : soit des abonnements au forfait (avec accès illimité) allant de 5 000 à 175 000 € HT par an, soit l’achat de crédits (5 000 € HT) utilisables sur l’ensemble des bases.
Dun & Bradstreet
Dun & Bradstreet de son côté dispose de données sur plus de 250 millions d’entreprises dans le monde (240 pays). Les équipes de D&B collectent, agrègent, retravaillent et vérifient des données issues de plus de 1 000 sources et fournisseurs d’information.
Le type de données proposé est assez proche de ce qu’on peut trouver chez Bureau Van Dijk :
- Les données de base sur une entreprise
- Des bilans et comptes de résultats détaillés
- Des ratios financiers
- La structure d’actionnariat de l’entreprise
- La structure hiérarchique de l’entreprise et les liens avec ses filiales/sociétés sœurs, etc.
- Des prévisions financières
- Des documents originaux
- Un historique des mouvements, acquisitions, levées de fonds, etc.
De nombreux produits et outils sont proposés par Dun & Bradstreet pour répondre à différents besoins. On citera notamment :
- D&B Onboard pour la Due Diligence
- DNBi, un produit dédié à la gestion des risques avec des profils d’entreprises très complets
- DBAI qui permet d’accéder à des rapports de crédit sur des millions d’entreprises
- D&B 360 qui s’adresse plutôt aux équipes de ventes et au marketing
Toutes ces bases sont disponibles sur abonnement. Les tarifs varient en fonction du volume d’information, de la zone géographique des entreprises recherchées, etc.
Lien : www.dnb.com et http://www.altares.com pour la France.
D’autre part, D&B a racheté la société Hoovers en 2003 et propose toujours un produit à part qui donne accès à plus de 85 millions d’entreprises. Les données proposées couvrent les données de base, les données financières, l’historique des mouvements/acquisitions, des estimations de revenus, une liste de concurrents, la structure hiérarchique de l’entreprise et des informations sur les dirigeants. Hoovers est disponible sur abonnement (moins cher que les autres produits D&B) mais propose certains rapports en pay as you go.
Lien : http://www.hoovers.com
Thomson Reuters
Thomson Reuters propose également une gamme de produits autour de l’information sur les entreprises. Ces produits donnent accès à un très grand nombre de données sur les entreprises comme les données financières détaillées, des estimations, des informations sur la structure hiérarchique et les dirigeants, des rapports de brokers et d’analystes, etc.
Les produits Reuters proposant de l’information sur les entreprises sont les suivants :
- Corporate Actions
- Reference Data
- ESG Research Data
- I/B/E/S Estimates
- Fundamentals
- Thomson ONE Corporate Intelligence
- Deals Business Intelligence
- Reuters Insider
- Entity Risk
- Ownership and Profiles
- Sell-Side Research
- DataScope Onsite
- Thomson ONE Corporate Development
- Officers and Directors
- Deals and League Tables
- Thomson Reuters Datastream
Toutes ces bases sont accessibles sur abonnement et les tarifs sont souvent très élevés.
Les autres acteurs
- Avention/OneSourceAvention et son produit OneSource qui existe depuis plus de 30 ans donnent accès à des informations sur plus de 53 millions d’entreprises à travers le monde. L’outil dispose de données propriétaires mais agrège également des données en provenance de multiples sources et fournisseurs comme Thomson Reuters, D&B, LexisNexis, Emerging Market Direct, Euromonitor, Experian, etc. Sur abonnement. https://www.avention.com
- MergentOnlineDonnées sur plus de 25 000 entreprises américaines et plus de 20 000 entreprises à l’international (hors Etats-Unis). Sur abonnement. http://mergentonline.com
- Alacra premium et Alacra On demandAlacra premium permet d’accéder à plus de 150 bases de données dont Avention, Bureau Van Dijk, EIU, Hoovers, LexisNexis, MarketLine, etc. Sur abonnement Alacra On Demand permet d’accéder à une vingtaine de bases de données en pay as you go dont certaines proposent de l’information entreprise comme GlobalData Financial Mergers & Acquisitions Intelligence, MarketLine, Thomson Reuters Mergers and Acquisitions, etc. Pay as you go. https://www.alacra.com
- SP Capital IQLa base couvre plus de 79 000 entreprises publiques/cotées et plus de 700 000 entreprises privées. Sur abonnement. http://www.spcapitaliq.com
- FactsetFactset propose plusieurs bases de données autour de l’information entreprise (Corporate Governance, Estimates, Mergers & Acquisitions, Private company, etc.). Pour les entreprises privées, Factset fournit des informations sur plus de 3 millions d’entreprises dans 200 pays. Sur abonnement. http://www.factset.com
- EMISA l’origine, EMIS est un acteur spécialisé sur les pays émergents mais cherche depuis peu à développer également ses produits d’informations sur les pays développés. 4.7 millions d’entreprises sont référencées dans la base mais toutes ne disposent pas d’un profil détaillé. La base est disponible sur abonnement mais plus de 700 000 company profiles sont disponibles en pay as you go sur leur site. https://www.emis.com
Enfin, on citera deux bases de données un peu particulières qui se sont spécialisées sur un type d’entreprises en particulier :
- Privco, une base qui ne propose des informations que sur les entreprises privées (900 000 entreprises sont référencées dans le monde entier). Sur abonnement à partir de 199 $US par mois.
- Sourcinno (voir l’article de Bases n°337 - Mai 2016 - « Identifier et trouver des informations sur des start-ups : les cas de Sourcinno et de Bonjour Idée ») qui se focalise exclusivement sur les start-ups. Un accès gratuit provisoire est proposé avec toutes les fonctionnalités mais avec des limites sur le nombre de résultats et le nombre de profils éditables. Pour le reste, il y a deux offres avec des prix très différents basés sur l’accès ou non à la totalité de la base.
On notera que la plupart de ces acteurs proposent à leurs clients des enquêtes plus approfondies sur une entreprise lorsque les données ne sont pas disponibles ou incomplètes. Ces enquêtes sont rarement bon marché.
Les serveurs et agrégateurs
Les grands serveurs et agrégateurs de presse disposent souvent d’une partie dédiée à l’information sur les entreprises. C’est le cas d’EBSCO, Factiva, LexisNexis ou encore Proquest. L’avantage de ces solutions est d’avoir accès à un spectre plus large d’informations (l’information sur les entreprises bien sûr mais aussi la presse avec plusieurs dizaines de milliers de titres dans de nombreuses langues, des profils pays, etc.) et de disposer de fonctionnalités de recherche très poussées.
Du côté de Nexis, la base de données business et d’actualités proposée par LexisNexis, on retrouve bien une partie dédiée à l’information entreprise. Elle donne accès à plus de 200 éditeurs de bases de données entreprises comme D&B, Worldscope, Hoover, Infocredit, MarketLine, BMI, Infolégale pour la France, CreditForm pour l’Allemagne, Klooks pour le Brésil, etc. ainsi qu’à des outils développés en interne.
Toutes ces bases permettent d’accéder à une très grande variété d’information sur les entreprises comme les informations financières, des rapports, des analyses SWOT, une analyse de la concurrence, des organigrammes, des données sur les fusions/acquisitions, etc.
On notera que certains éditeurs de bases de données entreprises ne donnent pas accès à l’intégralité de leur contenu via Nexis. D’autre part, certaines bases sont très à jour tandis que d’autres le sont moins. Dans Nexis, on accède à l’information entreprise via l’onglet « Sociétés » de l’interface de recherche.
Dans la même veine, Factiva propose une rubrique « Sociétés/Marchés » qui permet de focaliser sa recherche sur des entreprises et de visualiser des fiches entreprises. Ces fiches donnent accès (lorsque l’information est disponible) à un instantané de l’entreprise (les dernières données clés), les actualités de l’entreprise, les principaux développements, les administrateurs et cadres dirigeants, une comparaison directe avec d’autres entreprises, les résultats financiers, la cotation, les documents réglementaires, les analyses et profils, les rapports, etc.
Parmi les sources dont dispose Factiva, on citera Thomson Reuters Analyst Collection, Factset, MarketLine, et des bases locales comme Hoppenstedt Firmendatenbank pour l’Allemagne, etc.
EBSCO propose également plusieurs bases incluant des company profiles. C’est notamment le cas de Business Source Corporate, Business Source Corporate Plus, Business Source Complete (plus d’1.1 million de company profiles), Business Source premier (plus de 12 000 company profiles). Parmi les sources, on retrouve des acteurs comme Datamonitor, EIU, MarketLine, Informa, etc.
Enfin Proquest propose des informations sur les entreprises dans plusieurs de ses produits. C’est notamment le cas de ProQuest Business Collection ou encore Business Premium Collection.
On pourra également regarder du côté des agrégateurs de presse locaux comme GBI Genios pour l’Allemagne par exemple, qui proposent souvent une partie dédiée à l’information entreprise.
Autres
Comme nous le mentionnions précédemment, il existe des centaines d’acteurs spécialisés sur l’information entreprise, notamment de très nombreux acteurs spécialisés sur un type d’information en particulier, un secteur d’activité ou sur un pays.
Pour les acteurs spécialisés sur un pays, nous vous invitons à consulter les articles pays que nous publions régulièrement dans Bases et Netsources qui citent notamment des prestataires locaux pour l’information dédiée aux entreprises. Les pays couverts pour le moment sont : Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Angola, Arabie Saoudite, Amérique Latine (Argentine, Colombie, Chili, Pérou), Australie et Ukraine.
Cas pratique de méthodologie : Africa Internet Group
Venons-en maintenant à un exemple de méthodologie concrète. Nous avons choisi comme exemple une société privée de télécommunications appelée Africa Internet Group (AIG) dans laquelle Orange a récemment investi 75 millions d’euros, de même qu’Axa quelques mois auparavant. Nous allons voir comment rechercher des informations sur cette entreprise et comparer ce qu’il est possible de trouver sur le Web gratuit et sur les serveurs et bases de données.
Première étape : dès les premières recherches, on constate que la société est parfois présentée avec un autre nom, en l’occurrence Africa Internet Holding. Cette entreprise semble à première vue basée au Nigeria, son siège étant à Lagos mais on trouve également une structure appelée Africa Holding Gmbh (basée en Allemagne) qui correspond bien à la même entreprise. D’autres sources parlent également d’un siège à Paris. Il faudra donc bien prendre en compte toutes ces variantes lors de la recherche et bien comprendre la structure de l’entreprise.
En faisant quelques recherches, on apprend qu’au Nigeria les comptes des entreprises privées ne sont pas publiés. En revanche, la structure basée en Allemagne devra quant à elle répondre à certaines obligations légales même si les entreprises allemandes sont réputées pour ne pas toujours publier leurs comptes.
Commençons par le site web de l’entreprise. Malheureusement, il n’apporte aucune information intéressante, que ce soit au niveau financier ou structurel. On ne trouve même pas de communiqués de presse.
Deuxième étape : la presse avec une recherche dans Google News avec la stratégie suivante : «Africa internet holding» OR «Africa internet group». Google nous annonce 4000 résultats mais en nous rendant sur la dernière page, on constate qu’il y en a réellement 408.
Pour réduire un peu, on limite alors la recherche aux résultats de moins d’un an. Le nombre de résultats étant toujours important, nous croisons les termes de la recherche avec les mots-clés faisant référence à l’information de type « entreprise » (cités plus haut dans l’article). On découvre alors plusieurs articles sur des levées de fonds (notamment publiés dans le Financial Times) avec quelques données financières qui restent assez floues (on apprend par exemple que les revenus du groupe ont augmenté de 282 % en 2015 mais sans connaître le montant exact des revenus en 2014 ou 2015). D’autres articles parlent d’une évaluation à plus d’un milliard de dollars. On trouve également des informations sur les revenus d’une des principales entités d’AIG Jumia mais rien sur l’intégralité du groupe.
On le voit bien, la recherche dans la presse gratuite est longue et fastidieuse et il faut lire et analyser des dizaines et dizaines d’articles pour y repérer des bribes d’informations sur l’entreprise qu’il faut ensuite recouper entre elles.
Troisième étape : Google en croisant les différentes variantes du nom de l’entreprise avec les termes liés à l’information entreprise.
Les deux premiers résultats sont les rapports annuels 2014 et 2015 de Rocket Internet l’un des principaux actionnaires de AIG. Le rapport annuel de 2014 donne peu d’informations financières, en revanche celui de 2015 fournit les comptes consolidés des différentes entreprises détenues par Rocket et notamment celles d’AIG, ce qui est très intéressant pour notre recherche.
En analysant le rapport dans le détail, on finit par comprendre que Rocket Internet est une société qui aide des start-ups à se développer. Elle prend une participation importante au lancement de ces structures mais s’en désengage dès qu’elles ont atteint une certaine stabilité financière. Elle s’est justement désengagée d’Africa Internet Group courant 2015, ce qui explique sûrement pourquoi elle a publié les comptes de l’entreprise en 2015 (ce qui n’était pas le cas en 2014 et alors qu’elle n’en a pas l’obligation légale). On comprend également qu’Africa Internet Group est en réalité une marque mais que la société est en réalité domiciliée en Allemagne sous le nom d’Africa Internet Holding Gmbh.
On trouve également une offre de stage récente postée sur le site d’Africa Internet Group qui indique le nombre total d’employés ainsi que le fait que l’entreprise est évaluée à 1.1 milliard de dollars.
Même si on arrive à trouver des informations financières sur le Web gratuit, on constate cependant le caractère chronophage d’une telle recherche avec des centaines de résultats à consulter et peu d’informations sur la structure de l’entreprise ou d’autres informations plus stratégiques. La découverte du rapport annuel de Rocket Internet avec les comptes 2015 d’Africa Internet Group relève plus d’un coup de chance (les données financières n’étaient pas publiées en 2014 dans le rapport et ne le seront plus en 2016 puisque l’entreprise s’est désengagée) et il y a peu de chance que cela se reproduise lors d’une prochaine recherche sur une autre entreprise.
Nous avons ensuite interrogé un panel de serveurs et bases de données.
Orbis
Sur Orbis, on dispose d’un rapport très détaillé sur l’entreprise basée en Allemagne, qui permet notamment de valider qu’Africa Internet Group, même s’il dispose de bureaux un peu partout dans le monde et notamment au Nigeria est en réalité domicilié juridiquement et fiscalement en Allemagne uniquement. Les derniers comptes consolidés disponibles sont ceux de 2014. On trouve également des informations sur la solidité financière, une estimation de la valeur de l’entreprise, l’organigramme de l’entreprise et surtout un « Corporate tree » avec les différentes filiales et entreprises du groupe (au nombre de 134), ce qui permet d’y voir plus clair dans la structure de la société. On dispose également d’une liste détaillée des actionnaires avec le montant et pourcentage de leur participation, leur chiffre d’affaire, etc., les dernières nouvelles et fusions/acquisitions de l’entreprise et plusieurs tableaux de comparaisons avec les 10 entreprises internationales les plus proches sur base du poste Total des produits d’exploitation pour la dernière année disponible.
D&B
Sur D&B, les données disponibles sont à peu de choses près les mêmes que sur Orbis et permettent d’arriver aux mêmes conclusions.
Privco de son côté dispose des résultats financiers d’Africa Internet Holding de 2012 qui n’est autre que l’année de création de l’entreprise.
EMIS dispose d’un profil sur l’entreprise et indique qu’elle est basée au Nigeria mais ne fournit pas de données financières. On y trouve quelques actualités et les derniers deals.
Sur Factiva, c’est bien la structure allemande que l’on retrouve avec quelques actualités, les noms des principaux dirigeants, l’organigramme de l’entreprise fourni par D&B et le montant des ventes réalisées par l’entreprise en 2015.
Sur Nexis, nous retrouvons environ 80 documents concernant Africa Internet Group/Africa Internet Holding notamment des profils de dirigeants, les résultats financiers de la structure allemande (en 2014) et des données sur les fusions/acquisitions.
De plus, Nexis et Factiva permettent également d’accéder à des articles de presse intéressants sur l’entreprise que nous n’avions pas identifiés sur le Web gratuit.
Comme l’entreprise est enregistrée en Allemagne, nous avons interrogé l’agrégateur de presse allemande GBI Genios qui propose une partie dédiée à l’information entreprise. On trouve alors 300 résultats (résultats financiers de 2014, dossier, company profile, etc.) issus de sources comme CreditReform, Creditsafe, Bundesanzeiger ou encore Bisnode.
Note : à quelques jours du bouclage du numéro de Netsources, l’entreprise Africa Internet Group a changé de nom pour devenir Jumia Group et a ainsi choisi de regrouper ses différentes marques sous un nom unique (en l’occurrence le nom de sa marque la plus connue et prospère en Afrique).
Cet exemple permet d’illustrer la complexité de la recherche d’information entreprise. La structure d’une entreprise est souvent bien plus compliquée qu’elle ne le laisse paraître au premier abord et bien souvent, seuls des outils spécialisés permettent de faire ressortir et démêler cette complexité (notamment grâce à l’existence de Corporate trees et organigrammes des filiales).
Les outils payants permettront également de gagner un temps considérable dans la recherche et donneront à des données stratégiques non accessibles sur le Web ouvert. Multiplier les sources payantes est évidemment un plus qui permet de recouper les informations entre elles et valider ou invalider l’image que l’on peut avoir de la société. Néanmoins, un petit tour du côté du gratuit ne peut pas faire de mal et on découvre parfois quelques petites pépites absentes des serveurs et bases de données spécialisées.