Une diversification progressive des contenus
Les contenus originels avant tout pour les utilisateurs individuels
Comme nous le mentionnions précédemment, à l’origine, LinkedIn avait pour cible des utilisateurs individuels souhaitant valoriser leurs CV en créant des pages de profils professionnels. Cette base de profils n’a cessé de grandir et LinkedIn compte aujourd’hui plus de 700 millions de membres, soit autant de profils plus ou moins détaillés.
Les groupes, quant à eux, avaient une vocation essentiellement métier où des internautes se regroupaient sur des thématiques professionnelles précises pour discuter entre eux. Avec le temps, ces groupes sont malheureusement devenus des espaces plus promotionnels qu’informatifs. Même si les groupes rassemblent un nombre de membres importants, les échanges se font rares. Seuls quelques internautes viennent partager leurs propres actualités et dans le meilleur des cas, des articles ou ressources intéressantes en lien avec la thématique.
Les pages entreprises, où les entreprises peuvent mettre en avant leurs produits et services ainsi que leurs dernières actualités ont également rapidement fait leur apparition sur la plateforme. C’est à ce moment-là que LinkedIn a commencé à cibler les entreprises et développer des services BtoB.
Les nouveaux contenus ou le renforcement de la cible BtoB
Au fil des années et des acquisitions, LinkedIn a ajouté de nouveaux contenus et fonctionnalités qui viennent pour la plupart renforcer cet axe BtoB.
La rapport annuel 2020 de Microsoft montre d’ailleurs bien les 4 axes stratégiques de LinkedIn qui sont avant tout orientés vers les entreprises :
- Talent Solutions pour aider les entreprises à trouver et recruter des talents et à publier des offres d’emploi ;
- Sales Solutions pour aider les entreprises à trouver des prospects et détecter des opportunités commerciales ;
- Marketing Solutions pour que les entreprises puissent communiquer soit à travers de la publicité ciblée soit via les pages entreprises ;
- Learning Solutions pour que les salariés d’une entreprise montent en compétence.
Et cela se traduit par l’existence de plusieurs produits et plateformes bien distincts :
- La plateforme originelle Linkedin.com qui vise aussi bien les utilisateurs individuels que les entreprises avec une version gratuite et une version premium qui propose quelques fonctionnalités supplémentaires ;
- La plateforme Recruiter Lite qui vise les professionnels du recrutement avec des fonctionnalités avancées de recherche sur les personnes et la possibilité de poster des offres d’emploi (environ 90 euros/mois) ;
- La plateforme Sales Solutions qui vise les fonctions commerciales en proposant des fonctionnalités de recherche avancée sur les personnes et entreprises ainsi que des fonctionnalités de veille sur l’actualité de ces personnes et entreprises (à partir de 50 euros/mois).
Pour accompagner ce développement stratégique, LinkedIn a considérablement élargi le type de contenus disponible dans LinkedIn.com et ses autres produits payants.
Quels contenus trouve-t-on aujourd’hui sur Linkedin.com ?
Dans cet article, nous nous focaliserons sur la plateforme Linkedin.com qui est la plus utilisée par les veilleurs et qui rassemble la plus grande diversité de contenus.
On trouve bien évidemment les contenus originels que sont les pages de profils de personnes, d’entreprises et les groupes. Mais avec le temps, LinkedIn est venu enrichir la plateforme avec d’autres contenus qui répondent à des besoins essentiellement RH, métier ou encore communication.
Pour l’aspect RH, on trouve :
- des offres d’emploi qui ont pris beaucoup d’importance avec les années jusqu’à concurrencer les plateformes de référence pour la publication d’offres d’emploi ;
Pour l’aspect communication :
- des événements qu’il est possible de créer mais aussi animer directement ;
- la possibilité pour les entreprises de créer et publier des publicités sur la plateforme un peu à l’image de ce qui se fait sur Google ou Facebook même si LinkedIn est aujourd’hui très loin d’attirer autant d’annonceurs que les deux géants du Web ;
- la possibilité de créer des sondages ;
- l’ajout récent de Stories, ces contenus éphémères publiés par les utilisateurs à l’image de ce qui existe sur les autres réseaux sociaux. Pour l’instant, ce mode de communication reste peu utilisé sur la plateforme et on y trouve essentiellement des contenus promotionnels. Mais il n’est pas impossible qu’on y voie apparaître des contenus informatifs et à valeur ajoutée comme cela peut être parfois le cas sur les autres réseaux sociaux.
Pour l’aspect métier :
- des contenus de type articles et billets de blogs publiés sur la plateforme de contenu Pulse ; Pulse est une plateforme de blogging et de création de contenus, rachetée par LinkedIn en 2013. On peut y trouver des billets de blogs, généralement assez longs sur des thématiques professionnelles.
- des contenus publiés et partagés par les utilisateurs du réseau sur leurs profils (contenus textuels ou curation de contenus externes à LinkedIn). Il peut s’agir de texte, images, vidéos et liens externes ;
- des newsletters produites par des utilisateurs, rédigées sur la plateforme Pulse et regroupées dans un onglet du même nom ; Fidel Navamuel, auteur du blog « Les outils du web » propose par exemple une newsletter « revue de liens » chaque semaine sur LinkedIn ;
Avec les années, LinkedIn a également tenté des incursions en dehors de son champ d’action traditionnel RH/com/métier avec notamment l’aspect formation en proposant du e-learning sur la plateforme LinkedIn Learning (plus de 16 000 cours sur abonnement). La fonctionnalité « événement » permet également de créer des formations et l’intégration récente de Zooms et Microsoft Teams, d’animer directement des formations ou webinaires en ligne.
Comme les autres réseaux sociaux, LinkedIn s’essaye aussi, mais assez timidement pour le moment, au domaine de l’actualité et des médias.
On trouve dans chaque pays une page LinkedIn Actualités, une sorte de revue de presse économique dans plusieurs pays. Pour la France, il s’agit de https://www.linkedin.com/showcase/linkedin-actualites/.
On trouvera le lien vers les différentes versions locales à cette adresse : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6666790887613366273/. Cela fait un peu penser aux initiatives récentes de Facebook pour les news même si ici l’angle reste professionnel et économique.
On notera également que LinkedIn a fait quelques petites incursions en direction des podcasts dans plusieurs pays et notamment en France courant 2020 avec un podcast appelé « profil de l’emploi ». Pour autant, le podcast n’a jamais été hébergé directement sur la plateforme de LinkedIn. Il était créé en partenariat avec Europe 1 et était diffusé sur les plateformes classiques de podcasts comme Apple Podcasts, Spotify, etc.
Quels contenus pour la veille et la recherche ?
Venons-en maintenant aux usages possibles de LinkedIn pour la veille et la recherche d’information.
Pour la recherche d’information
La richesse de cette plateforme en CV, données personnelles et données d’entreprise en fait aujourd’hui un outil incontournable dans la recherche d’information économique et technologique, indépendamment des investigations sur les personnes :
- identifier des experts dans un but de collaboration ;
- détecter des sociétés sur certains créneaux d’innovation ;
- appréhender la culture d’une entreprise via l’analyse des profils des salariés : répartition des salariés entre les différentes fonctions de l’entreprise, proportion des profils junior ou seniors, appréciation du turnover, etc. pour en extraire des informations concurrentielles et stratégiques ;
- analyser les offres d’emploi dans une perspective stratégique et concurrentielle ;
Pour la veille
- Faire une veille métier en s’inscrivant à des groupes thématiques (la baisse de qualité des messages postés sur les groupes les rend cependant moins utile pour la veille métier) ;
- Faire une veille métier grâce à la curation de contenu réalisée sur la plateforme, etc. Aujourd’hui, ce sont sur les profils des membres que l’on trouve les meilleures informations métier et non sur les groupes (sauf rares exceptions) ;
- Surveiller la communication de ses concurrents;
- Surveiller les publicités publiées par ses concurrents ;
- Faire une veille événementielle.
Pour finir, LinkedIn ne manque donc pas de matière première et regorge d’informations potentiellement utiles pour la veille et la recherche d’information.
Pour autant, faire des recherches ou de la veille est loin d’être une partie de plaisir tant les restrictions et incohérences sont nombreuses. C’est ce que nous avons analysé dans les articles de ce même numéro :
« Plongée au cœur du moteur de recherche de LinkedIn »;
« La veille sur LinkedIn : que peut-on réellement faire ?».