Nous ne citerons pas les liens desdites veilles quand notre évaluation a été négative. Nous avons également choisi de donner directement le lien vers la veille partagée, et non pas vers les pages des émetteurs ou rediffuseurs.
Commençons par essayer de capter les veilles gratuites qui circulent sur LinkedIn
Étrangement, il est impossible d’identifier facilement, et surtout de façon exhaustive, l’ensemble de l’offre de veilles gratuites sur LinkedIn. On sait déjà que le moteur de recherche de LinkedIn ne fait ressortir que très aléatoirement les contenus répondant à un mot-clef.
Les veilles gratuites partagées sur LinkedIn ne peuvent donc être captées qu’au fil de la navigation, un peu par hasard finalement. Il est d'ailleurs très vraisemblable, en raison des algorithmes et du système de segmentation de la base de données LinkedIn en différents niveaux de contacts, que chaque membre n’aura pas accès aux mêmes veilles que son voisin, même si l’activité des deux est proche.
On tentera tout de même les requêtes suivantes (liste non limitative), qui marchent assez bien pour retrouver un certain nombre de veilles gratuites :
« Retrouvez votre veille
»« Retrouvez notre veille »
« Propose sa veille »
« Vous livre sa veille »
⚠️On les croisera impérativement avec l’onglet Post (cf. Figure 1. Barre de filtre des publications).
Ces requêtes semblent, d’après nos tests effectués à partir de deux profils différents, donner à peu près les mêmes livrables de veille, l’une des différences majeures étant la quantité d’informations intermédiaires entre deux posts de veilles gratuites. Ceci tient au fait que le volume du flux est différent d’un usager de LinkedIn à un autre.
Nous avons essayé d'affiner cette recherche en croisant les requêtes avec le secteur de l’auteur dans le filtre de recherche. Force est de constater que le résultat est très décevant, la première difficulté étant de naviguer et de trouver le bon terme de la liste secteurs de LinkedIn.
Figure 1. Barre de filtre des publications.
Toutes nos tentatives sur Google avec l'opérateur filetype:
, destinées à retrouver les veilles sous forme de fichiers, évitant ainsi les posts parlant de veille, ont malheureusement échoué.
Par contre, nous avons obtenu plutôt de bons résultats en ajoutant directement aux différentes requêtes le type de veille souhaité : par exemple « veille réglementaire »
dans les requêtes précédemment listées, ou simplement la requête « notre veille réglementaire » ou « votre veille réglementaire » donne bien accès à quelques veilles réglementaires, toutes réserves faites sur l'intérêt de la problématique précise traitée dans le livrable de veille réglementaire obtenue. Difficile à ce stade d'affiner davantage.
Ce type de requêtes permet donc de retrouver des livrables structurés, mais aussi de repérer les news sur un secteur ou une thématique suivie par des sociétés spécialisées en veille, une façon astucieuse pour ces professionnels de démontrer leur compétence et de présenter leurs compétences et produits en quelques lignes. Par exemple, la requête « notre veille santé » croisée avec Russie, permet de bénéficier régulièrement d’un flux de news gratuites ciblées sur le sujet et diffusées par la société Eurestia, spécialiste de la veille réglementaire et concurrentielle et les études sur le secteur de la santé en Russie.
Comment tirer parti de ces veilles gratuites ?
Précisons-le d’emblée, il y a assez peu de chances pour qu’un livrable, trouvé sur LinkedIn ou ailleurs sur le web ouvert, réponde spécifiquement aux problématiques stratégiques qui nous préoccupent, même si la thématique et le secteur couverts nous intéressent. Cependant, la recherche de ces livrables et les livrables eux-mêmes présentent un certain intérêt.
La détection avancée de compétences, experts ou prestataires
On l’a vu, la recherche de contenus à valeur ajoutée sur un réseau professionnel tel que LinkedIn permet de détecter des prestataires, que ce soit dans la veille experte, les études et autres formes d’accompagnement sur des sujets pointus, pas toujours simples à détecter avec une recherche généraliste sur le web, et d’avoir déjà un premier échantillon du savoir-faire de l’expert.
Il sera également intéressant de repérer, via la diffusion de veilles gratuites et spécialisées, des experts à contacter en regardant ceux qui « likent », partagent, rediffusent ou font des commentaires sur ces publications. Notons que l’accès à ces données présente un intérêt commercial pour celui qui tente de repérer sur LinkedIn d’éventuels prospects dans le secteur traité par le livrable en question. Ce qui est certainement loin d’être l'intention première du producteur de la veille, ou même d'être soupçonné par lui…
Une aide au sourcing pour ses propres veilles
Par définition, une veille thématique ou sectorielle présente un grand intérêt en termes de sources d’information, l'identification des sources spécialisées sur une problématique représentant un véritable travail à valeur ajoutée.
On observe dans les veilles publiées sur LinkedIn, que ce soit sous forme de fichier (ppt, pdf, etc.), de liens, headlines, de newsletters (hors synthèses rédigées), une constante qui fait presque loi : plus le niveau de la veille est élevé, plus les sources avec les liens d’origine de l’information figurent clairement et plus ces sources sont variées et spécialisées.
À titre d’exemple nous citerons la veille de Vitagora, association professionnelle dans la filière agroalimentaire (https://www.linkedin.com/posts/vitagora_vitawatch-de-mars-votre-veille-agroalimentaire-activity-6782585251702050816-MN_2/) ou encore la veille sanitaire de la SCA, plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (https://www.plateforme-sca.fr/ndeg38-1er-avril-2021), partagée sur LinkedIn par une collaboratrice de l’INRAE, société membre de la communauté d’experts.
On ne s’étonnera pas que ces entités soient généralement des associations ou des collectivités, dont les coûts sont déjà pris en charge par la structure. Ce sont en fait de veilles professionnelles pour lesquelles le terme de gratuité n’est pas adapté, dans la mesure où elle fait partie de leur mission de diffusion des informations à un public ciblé.
À l’opposé, on remarque que l’une des caractéristiques des productions indûment appelées « veilles », qui ne sont que de la promotion commerciale pure et dure, est précisément l’absence de sources externes citées. Les informations ne sont ici utilisées que pour valoriser l'émetteur, et il est difficile d'en juger la valeur intrinsèque.
Une inspiration en matière de formats de veille ou de promotion de livrables
L'une des interrogations récurrentes d'un veilleur concerne les formes de diffusion de l’information les plus adéquates au mode de lecture du client. Le professionnel est toujours à la recherche de nouveaux modèles - un benchmark qui n’est vraiment pas simple à réaliser, tant les productions internes des entreprises sont confidentielles.
LinkedIn constitue à notre sens un terrain d’exploration professionnelle : la forme la plus rudimentaire côtoie des formes très élaborées qui peuvent être de véritables sources d’inspiration. Ainsi nous avons repéré le livrable de la société Nicomak, spécialiste de la transformation des organisations, qui pourtant non spécialisée en veille, délivre son information sous un format professionnel (https://padlet.com/michel187/ms1w2d4svaznzlf0), et qui n’a pas grand-chose à envier à Netvibes ou autres portails de veille.
Dans le même ordre d’idée, le veilleur professionnel aura tout intérêt, pour en tirer ses propres arguments commerciaux en interne, à analyser la promotion de la veille faite par les sociétés et consultants. Et cela même dans le cas où l’annonce du livrable de veille est en fait une publicité d'une entité non spécialisée dans la veille…
Finalement, une source de réflexion sur la veille professionnelle et ses exigences…
Nous avons évoqué la quasi-impossibilité pour le veilleur ou l’internaute de trouver une veille gratuite qui traite vraiment de sa problématique spécifique. Or une veille n’étant véritablement utilisable d’un point de vue opérationnel que si elle se focalise précisément sur les sujets détectés comme stratégiques pour une organisation.
D’autres critères inhérents à la veille professionnelle sont par ailleurs difficilement respectés, a fortiori sur un réseau tel que LinkedIn où les multiples contenus de toutes natures, partagés dans le désordre le plus complet, se croisent dans tous les sens, brouillant ainsi les repères qui permettent l'évaluation de la qualité d'une veille.
Parmi ces critères :
- La confiance dans le producteur de la veille:
On a parfois du mal à identifier rapidement et qualifier le véritable auteur, en raison du manque de clarté dans la rédaction du post, ou parfois du système de rediffusions successives qui anonymise les posts et rend incertaines les connexions entre certains éléments nécessaires à l’identification.
Notons que l’utilisation dans LinkedIn de certains outils de diffusion, comme celui de Twitter (co), ne nous facilite pas la tâche. Ici, par exemple, dans cette veille sur la logistique urbaine (https://www.getrevue.co/profile/noticodeliv/issues/veille-sur-la-logistique-urbaine-issue-12-681819) que nous avons récupérée au fil de notre navigation, il n’a pas été simple de retrouver le lien avec le post initial de la société sur LinkedIn. - La régularité de publication, qui définit précisément la prestation veille :
On peut certes tomber sur des livrables intéressants, mais où trouver la série ? Dans le cas de l’utilisation de l’outil de diffusion Padlet par la société Nicomak précédemment cité (https://padlet.com/michel187/ms1w2d4svaznzlf0), nous n'avons pas trouvé les autres numéros. - L’exhaustivité de la couverture, un critère clef pour tout client, et souvent une motivation forte pour l’acceptation du coût de la veille professionnelle, ne peut en aucun cas ici, on le comprendra aisément, figurer au nombre des exigences.
Ces constats qui font apparaître, force est de le reconnaître, une pratique assez dégradée de la veille dans cette pratique gratuite sur LinkedIn, nous renvoie inévitablement à la question de la pérennité de l'offre gratuite. Ainsi qu'à l’éternel questionnement : peut-on investir dans un schéma de diffusion de contenus gratuits avec un réel retour sur investissement ?
Même si cette question ne doit pas nous priver d’explorer toutes les possibilités offertes par le partage communautaire…
(1) Commoditisation » : le mot […] désigne le processus par lequel un objet ou un service se banalise au point de devenir une commodité : les consommateurs, face à une offre pléthorique, ont alors tendance à privilégier les prix les plus bas, obligeant les entreprises à sacrifier leurs marges (https://www.lesechos.fr/2015/05/que-faire-quand-votre-marche-devient-une-commodite-247631).