Inspec compte aujourd’hui plus de 20 millions de références bibliographiques. Le large volume de la banque de données Inspec illustre le fait que la couverture de la base ne se limite pas aux documents classiques mais permet aussi d’identifier des documents plus rares.
Malgré la rareté de certains documents référencés dans la base, il est aujourd’hui devenu plus facile d’obtenir les documents primaires, même s’ils ne sont pas toujours gratuits, grâce au fait que dans 80% des cas, le doi (document object identifier) est présent dans la référence bibliographique.
L’une des forces d’Inspec aujourd’hui est son indexation très poussée. Elle comporte depuis un moment la possibilité de rechercher sur un grand nombre de valeurs numériques. Dès cette année les possibilités du NPS (Numerical Property Searching), qui permet de rechercher sur 57 valeurs physiques, seront ajoutées à la version d’Inspec disponible sur STN.
La base est aujourd’hui accessible sur le site de l’IET (voir figure 1.) mais également sur de nombreux serveurs professionnels comme Dialog Solutions, STN, OVID ou encore Ebscohost.
Figure 1. Interface d’INSPEC Direct
Inspec et IEEE Xplore digital library : quelles différences ?
Une approche différente
Lorsque l’on s’intéresse à IET, on ne peut s’empêcher, ne serait-ce qu’à cause du nom, de faire le rapprochement avec l’organisation américaine IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) qui propose son IEEE Xplore digital library.
Celle-ci donne accès à plus de cinq millions de documents en texte intégral provenant d’IEEE ou d’éditeurs partenaires. Les thématiques retenues sont l’ingénierie électrique, l’informatique et l’électronique, donc pas très éloignées d’Inspec.
Son contenu est composé de 200 publications, plus de 3 millions de conférences, plus de 10 000 notes techniques, plus de 5 000 livres et de plusieurs centaines d’heures de cours.
IEEE, comme IET, peut être définie comme une sorte de société savante sous forme d’association qui offre de multiples services à ses membres/clients.
En revanche, leurs approches respectives de la diffusion des informations sous forme électronique sont différentes.
Inspec est en effet disponible sur le serveur d’IET mais aussi sur de nombreuses plateformes comme STN, Dialog, EBSCO, OVID.
De son côté, IEEE est essentiellement accessible sur son propre site avec un langage d’interrogation qui vient d’être significativement amélioré pour les utilisateurs experts mais reste un niveau en dessous de ce que proposent les serveurs cités plus haut. Les membres de IEEE qui ont payé leur cotisation bénéficient de différents avantages, en particulier d’une réduction significative du prix des documents primaires achetés sur la plateforme.
IEEE a également signé un accord avec Scopus à qui il fournit l’ensemble de ses données, mais l’accord ne dit rien de ce que Scopus doit ou ne doit pas indexer.
IEEE XPLORE et Inspec couvrent des domaines semblables sur des périodes comparables, sachant qu’Inspec offre près de quatre fois plus de références que IEEE XPLORE.
Nous avons testé
Pour contribuer à comprendre les positionnements respectifs des deux banques de données, nous y avons fait la même recherche en l’occurrence la présence de l’expression
"artificial intelligence"
dans le titre des documents publiés en 2017.
- On trouve 332 réponses dans Inspec et 141 dans IEEE Explore, ce qui paraît logique compte tenu des volumes respectifs des deux bases.
On pourrait aussi penser qu’IEEE Xplore est un sous ensemble d’Inspec à savoir que toutes ses références sont dans Inspec.
En fait, cela n’est pas le cas puisque 23 références d’IEEE EXPLORE soit plus de 16% de nos résultats, ne sont pas présentes dans Inspec.
- On peut en déduire que, s’il y a un recouvrement non négligeable entre les deux bases, rechercher dans IEEE Explore en complément d’Inspec reste intéressant.
- On notera aussi que, si dans Inspec il y a, en tous cas dans notre exemple, sensiblement le même nombre de références à des conférences qu’à des publications académiques, cela n’est pas du tout le cas dans IEEE EXPLORE ou la proportion de conférences dans notre échantillon est de 88%.
- On regrettera enfin que, malgré nos nombreux signalements et pas seulement les nôtres, la version d’Inspec disponible sur Dialog Solutions mélange toujours tant dans la recherche que dans les affichages les champs abstract et références.
Il faudrait donc recharger la base, ce qui n’est pas une petite opération compte tenu de sa taille, mais cela devient vraiment indispensable.
Inspec s’inscrit dans le mouvement des grands serveurs
Plusieurs banques de donnée comme INSPEC proposant chacune plus de 10 millions de références de qualité avec abstracts et indexations, parfois beaucoup plus, ont fortement contribué aux développements des grands serveurs en particulier STN, Dialog, Data-Star (fusionné avec Dialog), ESA-IRS transformé en EINS aujourd’hui disparu, EBSCO-HOST dédié plus spécifiquement au monde académique, Questel avant son virage vers la propriété intellectuelle.
Outre INSPEC, ces banques de données telles que Compendex (engineering et technologies), Chemical Abstracts dans le domaine de la chimie qui offre aussi des références de brevets, Embase et Medline dans le domaine biomédical, Scisearch multidisciplinaire et PQScitech regroupant des bases de tailles plus modestes, ont proposé il y a quelques dizaines d’années une offre scientifique et technique solide et crédible. Avec plusieurs centaines de millions de références bibliographiques, elles incluaient des systèmes de fourniture de copies d’articles qui ont très bien fonctionné, même si elles ont en grande partie laissé aujourd’hui la place à un accès direct à l’article sous forme électronique auprès de l’éditeur.
Tout cela a permis le développement de la crédibilité des grands serveurs, des banques de données et de leur utilisation, même si, à côté de l’offre de ces serveurs, plusieurs producteurs proposaient également leur offre ou une offre très semblable mais limitée et adaptée à leur champ de connaissance.
Ces grandes banques de données existent toujours sur des serveurs comme STN, Dialog Solutions ou EBSCO, mais on a vu apparaitre une nouvelle sorte de serveurs comme Scopus et Web of Science qui ont aboli la notion de base de données thématique pour regrouper toute leur offre de références scientifiques dans un seul fichier. Cela s’est fait au détriment de l’indexation qui pouvait être très poussée mais, en contrepartie, ils ont offert une bien meilleure gestion et donc une meilleure utilisation des références citées ou citantes.