Comment trouver des mémoires d’étudiants en ligne ?

L’intérêt des mémoires pour la veille et la recherche

Dès lors que l’on a besoin de se tourner vers l’information scientifique et académique (littérature scientifique, thèses, etc.), inclure les mémoires d’étudiants est généralement une bonne idée.

Même si leur qualité est inégale, il faut bien avoir conscience que dans la très grande majorité des cas, les mémoires publiés sur le Web ont été sélectionnés et seuls ceux ayant obtenu une certaine note peuvent y prétendre.

Les mémoires d’étudiants sont intéressants car ils peuvent combiner une dimension recherche avec des dimensions opérationnelle et professionnelle quand ils ont été rédigés dans le cadre d’un stage.

Les mémoires sont donc un bon moyen :

• De trouver des informations sur des sujets qui n’ont pas été traités sous d’autres formats ;
• D’enrichir sa revue de littérature sur un sujet en tirant parti des références bibliographiques d’un mémoire pour ensuite aller découvrir d’autres sources ;
• D’obtenir des informations stratégiques ou concurrentielles quand le mémoire est lié à un stage en entreprise (c’est aussi pour cette raison que certaines entreprises demandent à ce que les rapports de stage ou mémoires à l’issue d’un stage soient confidentiels).

Mémoires publiés : une infime partie de ce qui existe

Tous les mémoires soumis par les étudiants lors de leurs études, même les plus récents, ne se retrouvent pas sur Internet. Cela ne représente qu’un infime partie de la production globale.

« Pour les mémoires de licence ou de masters ou tout autre diplôme autre que celui du doctorat, il apparaît que si le dépôt dans l’Environnement Numérique de Travail de l’établissement est souvent une obligation, ce dépôt ne donne pas forcément lieu à une diffusion, ni même à un signalement. En effet, l’archivage et le signalement des mémoires n’est pas une obligation légale. Les bibliothèques sont libres de privilégier le catalogage des mémoires dans certaines disciplines considérées comme prioritaires ; elles peuvent choisir de ne cataloguer que les meilleurs travaux. » ENSSIB

Quand on recherche des mémoires, il n’y a donc absolument aucune garantie que l’établissement ait une politique de signalement ou de mise à disposition des travaux de ses étudiants. Et quand il en existe une, ce n’est jamais la totalité des mémoires qui sont concernés (uniquement ceux ayant obtenu plus de 14 par exemple, ou encore conservation des mémoires uniquement sur quelques années, etc.).

Cette mise à disposition dépend aussi parfois de la bonne volonté du maître de stage et de l’élève. Sans compter que dans certains cas, l’accès au texte intégral est réservé aux étudiants et personnels de l’établissement.

Même si le processus reste sans garantie de succès, on constate néanmoins que les choses évoluent dans le bon sens et qu’on a beaucoup plus de chances de retrouver un mémoire aujourd’hui que ce n’était le cas il y a encore quelques années.

Chercher des mémoires en ligne : sources et méthodes

Nous allons maintenant en venir aux différentes méthodes et sources à connaître pour rechercher et identifier des mémoires en ligne.

Pour illustrer cela, nous utiliserons en filigrane l’exemple suivant : "La recherche de mémoires sur la thématique du syndrome d’Asperger dans le cadre d’une revue de littérature sur le sujet."

Peut-on identifier les mémoires grâce aux outils de recherche académiques classiques ?

Les mémoires d’étudiants sont étroitement liés à l’information scientifique et technique au même titre que les articles scientifiques, les thèses, etc. On serait donc en droit d’imaginer qu’il soit possible d’identifier des mémoires en utilisant les mêmes outils de recherche que pour la littérature scientifique comme les moteurs académiques par exemple.

Nous avons fait le test sur les principaux moteurs académiques gratuits comme Google Scholar, Lens, etc. et les résultats ne sont pas concluants.

Même s’il peut parfois arriver d’avoir quelques mémoires dans ses résultats (comme sur Google Scholar par exemple), cela reste anecdotique. De plus, aucun des outils généralistes ne propose de filtre pour limiter spécifiquement les résultats aux mémoires. Dans le meilleur des cas, il existe un filtre thèses et mémoires mais la plupart du temps seules des thèses apparaissent alors dans les résultats.

Même les sources et outils qui permettent d’identifier des thèses ne donnent jamais la garantie d’identifier également des mémoires. Nous avons ainsi regardé l’ensemble des sources et outils cités dans l’article de François Libmann et très peu permettent de rechercher sur les mémoires.

Ainsi :

•  OATD (https://www.oatd.org) intègre des mémoires mais la majorité des documents sont des thèses ;
•  NDLTD (http://search.ndltd.org/index.php) indexe des thèses et mémoires en ligne mais il n’existe aucun filtre pour différencier les thèses des mémoires ;
•  Le moteur Base (https://www.base-search.net) propose un filtre de recherche « master thesis » ;
•  Le moteur Isidore spécialisés sur les SHS propose un filtre « thèses, mémoires et HDR »  (HDR étant l’habilitation à diriger des recherches) ;
•  Worldcat (https://oaister.worldcat.org) propose un filtre Thèses/Mémoires ;
•  Lens.org propose un filtre « dissertations ».

Via les outils classiques, la recherche de mémoires restera anecdotique. Si l’on souhaite vraiment identifier des mémoires, il faudra donc utiliser d’autre sources et méthodes pour y parvenir.

Les principaux outils de recherche pour identifier des mémoires

DUMAS, la ressource de référence en France

En France, une source sort très nettement du lot : la base de données DUMAS (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance).

Comme expliqué sur le site web :

 « DUMAS est un portail d'archives ouvertes de travaux d'étudiants à partir de bac+4 (à l'exception des thèses de doctorat qui doivent être déposées sur le serveur Tel), validés par un jury, dans toutes les disciplines. Il propose aussi des travaux de niveau bac+3 à orientation recherche dans des domaines paramédicaux plus confidentiels. Le portail DUMAS est hébergé par HAL. »

Tout le monde ne peut pas déposer son mémoire dans DUMAS. Cela se fait après la soutenance devant un jury et sous la responsabilité des professionnels de la documentation ou d’enseignants désireux de valoriser les travaux de leurs étudiants. 

• La base recense actuellement plus de 34 000 mémoires.
• Parmi les organismes déposant des mémoires, on retrouve essentiellement des universités françaises.

On constate qu’avec les années, de plus en plus d’universités et d’établissement font le choix de déposer leurs mémoires sur DUMAS plutôt que d’utiliser leurs propres outils. C’est une excellente nouvelle pour les professionnels de l’information, qui ont ainsi la possibilité de retrouver en un seul endroit une quantité importante de mémoires.

Pour la recherche :

On peut utiliser les opérateurs classiques AND (par défaut), OR ou NOT (sous la forme d’un tiret) ainsi que la troncature à droite (sous la forme d’un astérisque) pour remplacer un ou plusieurs caractères. Les parenthèses semblent aussi fonctionner pour expliciter le sens de la requête.

Une fois les résultats affichés, on peut filtrer par auteur, domaine, laboratoire, langue et année.

Il est possible de rechercher sur des champs spécifiques :

• Par défaut, on recherche sur l’ensemble des références bibliographiques ;
• On peut élargir aux références bibliographiques et textes intégraux des mémoires (à utiliser avec précaution car le volume augmente alors considérablement) ;
• Une multitude d’autres champs comme titre, sous-titre, auteur, mot-clé.

Notre exemple de recherche sur le terme Asperger en utilisant la recherche standard (recherche sur les références bibliographiques complètes mais pas le texte intégral du mémoire) génère 20 résultats dont le plus ancien date de 2013.

Les autres sources mutualisées en France

En France, il existe également quelques autres initiatives de regroupement de thèses mais aucune n’a la même ampleur ni le même volume de documents que DUMAS.

Il s’agit d’ailleurs souvent d’initiatives thématiques permettant de regrouper des mémoires sur un même sujet ou issus d’une même zone géographique.

On citera :

• Memsic (https://memsic.ccsd.cnrs.fr/) (hébergé sur HAL) qui a vocation à rassembler des mémoires en Science de l’information et de la communication (Attention : malgré un hébergement sur HAL comme DUMAS, les mémoires présents sur Memsic ne se retrouvent pas nécessairement sur DUMAS) ;
• MemOuest (https://memhouest.nakalona.fr/) qui a pour vocation de recenser les travaux d’étudiants de niveau M (DES, Maîtrise, DEA et Master) concernant un large Ouest français et déposés dans des lieux accessibles (bibliothèques universitaires, de centres de recherches, archives départementales et municipales, services historiques de la Défense, ...) ;
• XIXe siècle en mémoire (https://19m.nakalona.fr/) qui a pour ambition d’inventorier et de localiser l’ensemble des mémoires d’étudiants de « niveau M - Recherche » (DES, maîtrises, DEA, masters) consacrés à l’histoire du XIXe siècle (1800-1914) et conservés dans les bibliothèques françaises (bibliothèques universitaires, des centres de recherche, dépôts d’archives) en France métropolitaine et Outre-Mer.
• On trouve également quelques bases de données de mémoires que l’on regardera avec précaution car les critères de sélection des mémoires ne sont pas très clairs :
• Mémoire Online (https://www.memoireonline.com/) qui propose les étudiants à publier leurs mémoires. Chaque mémoire en texte intégral est ensuite accessible au tarif de 3.99 euros. Le site ne semble plus mis à jour depuis quelques années car les mémoires les plus récents datent de 2017. N’importe qui peut déposer un mémoire, attention donc à la qualité des documents.
• On trouve également des mémoires de Master mis en ligne par des étudiants sur la plateforme de partage de documents payantes Scribd (https://fr.scribd.com), qui , rappelons-le, a racheté Slideshare récemment. Là non plus, il ne semble pas y avoir le moindre critère de sélection pour publier son mémoire ;
• Le site Institut Numérique recense également des mémoires (https://www.institut-numerique.org) mais il ne semble plus mis à jour depuis 2014 ;
• Le site payant Etudes et Analyses (https://www.etudes-et-analyses.com) indexe également des mémoires (et propose d’ailleurs un filtre dédié aux mémoires dans son moteur) surtout dans les domaines de la communication, du marketing, de la finance, du management, de la stratégie, etc. Là non plus, on ne sait pas si et comment les mémoires ont été sélectionnés.

A l’international

A l’étranger, on constate que de nombreuses universités, notamment américaines, ont davantage recours aux serveurs et bases de données payantes pour archiver et diffuser les mémoires de leurs étudiants.

Les deux principaux acteurs proposant des mémoires sont EBSCO et Proquest.

PROQUEST

Du côté de Proquest, on citera l’incontournable ProQuest Dissertations & Theses Global (PQDT) qui indexe plus de 5 millions de thèses et mémoires, essentiellement en anglais, d’une centaine de pays. La base recense des travaux étudiants remontant jusqu’à 1861. Les documents postérieurs à 1997 sont disponibles en texte intégral.

Proquest propose également une base de données gratuite appelée PQDT Open qui donne accès à des thèses et mémoires en open access. Le contenu est donc moindre que sur PQDT classique. Il y a encore peu de temps, la base s’interrogeait sur un site bien séparé de l’interface de Proquest. Depuis le mois de mai 2021, la base a migré sur l’interface de Proquest (https://www.proquest.com/). Pour n’interroger que les thèses et mémoires, il suffit de sélectionner l’onglet du même nom dans l’interface et de lancer sa recherche.

La recherche sur notre exemple avec le terme Asperger génère tout de même 460 résultats (les résultats les plus anciens datent de 2009). La totalité des documents retrouvés sont en anglais et la grande majorité semblent être des thèses plutôt que des mémoires et provenir d’universités américaines.

EBSCO

Du côté d’EBSCO, les mémoires peuvent se retrouver mêlés à d’autres documents dans certaines bases thématiques comme ERIC pour l’éducation ou encore Cinhal pour les soins infirmiers et le paramédical.

On peut également regarder les grands catalogues de bibliothèques, à l’échelle mondiale comme Worldcat ou à l’échelle nationale comme le Sudoc qui peuvent permettre d’identifier des mémoires mais ne donnent pas accès au texte intégral. Worldcat propose un filtre de recherche pour les thèses et mémoires. Du côté du SUDOC, c’est plus compliqué : il n’existe pas de filtre pour les mémoires qui soit disponible dans l’interface de recherche, mais on constate que certaines notices sont taguées avec le terme « mémoire » (mémoire de master, mémoire de DEA, etc.). On y accédera via cette url : http://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1/SET=5/TTL=1/CLK?IKT=63&TRM=Me%CC%81moire.

Sur Worldcat, la recherche sur le terme Asperger en limitant aux thèses/dissertations génère 1943 résultats. Il semblerait qu’encore une fois il s’agisse surtout de thèses. Dans certains cas, la notice pointe vers la base PQDT intégrale sur Proquest et il est possible d’acheter la thèse/mémoire à l’unité pour 41 $.

Au-delà de ces quelques grandes sources fédératrices, il y a surtout des initiatives isolées à l’échelle de l’université ou école concernée.

Pour cet article, nous sommes donc allés regarder dans le détail l’ensemble des universités françaises, les grandes écoles françaises (membres de la conférence des grandes écoles) et les 50 premières universités (hors France) du classement de Shanghai pour voir si elles mettaient en ligne les mémoires de leurs étudiants, soit via des initiatives internes soit en les déposant dans les grandes ressources fédératrices citées dans la première partie de cet article.

Où peut-on retrouver les mémoires des universités françaises ?

Pour commencer ce panorama des sources et outils disponibles pour identifier des mémoires d’étudiants, nous sommes allés regarder ce que les universités françaises avaient à proposer en la matière (cf. Figure 1. Dépôt et mise à disposition des mémoires des universités françaises).

Contrairement aux thèses pour lesquelles il y a des obligations légales de dépôt, les mémoires ne font l’objet d’aucune obligation en matière de dépôt, ce qui conduit à des situations très disparates entre les universités et même entre les différents départements d’une même université. Les mémoires ne sont pas nécessairement dispo­nibles via la bibliothèque universitaire et sont parfois conservés et gérés par les départements eux-mêmes, ce qui rend leur découverte pratiquement impossible.

Figure 1. Dépôt et mise à disposition des mémoires des universités françaises

Premier constat : la majorité des universités françaises sont représentées dans DUMAS

On constate tout d’abord que la majorité des universités françaises sont représentées dans la base DUMAS dédiée aux mémoires universitaires mais à des degrés très divers.

Certaines universités, via leurs bibliothèques universitaires, ont une véritable politique de conservation et de diffusion des mémoires via la base DUMAS. Dans d’autres cas, on trouve bien quelques mémoires de ladite université sur DUMAS mais leur nombre est tellement faible qu’il s’agit probablement d’initiatives isolées à l’échelle d’un étudiant ou d’un professeur.

On constate également que sur DUMAS certains départements de certaines universités sont très bien représentés alors que d’autres départements sont complètement absents.

Interroger la base DUMAS pour retrouver des mémoires produits au sein des universités françaises est incontournable (d’autant que son utilisation a considérablement augmenté avec les années) mais on ne saurait s’y limiter. De nombreux mémoires n’y sont en effet pas présents : tous ceux qui ne sont pas librement accessibles en ligne d’une part mais aussi des mémoires pourtant accessibles en ligne mais hébergés sur d’autres plateformes.

L’Université de Lorraine par exemple dispose d’une archive ouverte sur HAL avec plusieurs milliers de mémoires et rapports de stage que l’on ne retrouve pas sur DUMAS.

Deuxième constat : il faut systématiquement interroger les catalogues de bibliothèques

Pour être le plus exhaustif possible, il faut donc également interroger les catalogues des bibliothèques des différentes universités françaises.

La grande majorité propose de limiter les résultats de recherche aux thèses et mémoires ou parfois, et c’est encore mieux, aux mémoires uniquement.

Quand il s’agit d’un filtre thèses/mémoires, il est très difficile d’évaluer la part de mémoires par rapport aux thèses mais nos tests semblent montrer que les thèses sont très majoritaires.

Les mémoires référencés sont ensuite soit accessibles en ligne (lien vers DUMAS mais aussi souvent lien direct vers le PDF ou une archive ouverte interne ou d’une autre université), soit accessibles en ligne mais uniquement pour les membres de l’université, soit uniquement dans les locaux de la bibliothèque.

Les mémoires peuvent être signalés au SUDOC mais, comme il n’existe pas de filtre pour les mémoires, il est très difficile de rechercher spécifiquement sur ces contenus.

Troisième constat : il n’est pas simple d’identifier des initiatives isolées

L’organisation des universités françaises évolue ces dernières années et on assiste à de nombreux regroupements entre plusieurs universités pour ne former qu’une seule et même entité (comme l’université Paris Saclay qui regroupe plusieurs universités et écoles par exemple).

Il arrive que certaines universités aient pu avoir des initiatives isolées de stockage et de diffusion de mémoire qui n’ont pas nécessairement été reprises lors de la fusion avec d’autres universités.

Retrouver ces initiatives n’est pas simple et il faut bien penser à rechercher avec le nom de l’ancienne université.

Où peut-on retrouver les mémoires des grandes écoles françaises ?

Pour les grandes écoles françaises, on constate que la mise à disposition des mémoires est encore plus complexe que pour les universités (cf. Figure 2. Dépôt et mise à disposition des mémoires des grandes écoles françaises)

Pour cette catégorie d’établissement, nous avons pris la liste des membres de la conférence des grandes écoles puis, pour chacune d’entre elles, nous sommes allés regarder :

- Si l’établissement donnait accès en ligne au catalogue de sa bibliothèque/centre de documentation/Learning Center ;

- S’il était possible de rechercher spécifiquement sur les mémoires dans le catalogue ;

- Si l’on trouvait des mémoires de cet établissement dans DUMAS.

Nous n’avons conservé dans le tableau que les écoles qui recensaient leurs mémoires en ligne dans leur catalogue ou qui proposaient des mémoires sur DUMAS ou dans une archive ouverte interne à leur établissement.

Les catalogues des centres de documentation, bibliothèques ou learning centers sont loin d’être toujours accessibles et nécessitent souvent une identification. Et quand ils sont disponibles librement sur le Web, les mémoires ne sont pas toujours référencés ou bien il n’existe pas de filtre permettant de limiter la recherche aux mémoires ou aux thèses.

Quand on arrive à identifier des mémoires pertinents, il arrive fréquemment que l’accès au texte intégral soit limité aux membres de l’établissement.

Figure 2. Recensement et mise à disposition des mémoires des grandes écoles françaises

On trouve également des mémoires issus des grandes écoles françaises sur DUMAS mais là encore la situation est très disparate. Dans la majorité des cas, on n’y trouve au mieux que quelques dizaines de mémoires par école, ce qui laisse penser qu’il n’y a pas véritablement de politique de conservation et de diffusion des mémoires sur DUMAS par l’école mais qu’il s’agit plutôt d’initiatives isolées.

Rechercher et retrouver des mémoires produits au sein des grandes écoles françaises est donc encore plus compliqué que pour les universités.

Où peut-on retrouver les mémoires des grandes universités internationales ?

Nous avons aussi voulu voir s’il était possible de rechercher et retrouver les mémoires produits par les étudiants des grandes universités de renom au niveau mondial. La liste étant titanesque, nous avons fait le choix de sélectionner les 50 premières universités/écoles du classement de Shanghai.

Les bases de thèses et mémoires proposées par Proquest et EBSCO recensent des mémoires issus de ces établissements renommés (surtout ceux rédigés en anglais). Interroger ces bases de données quand on y a accès est donc un excellent point de départ.

On trouve également des initiatives nationales (à l’image de DUMAS en France) qui peuvent permettre d’identifier les travaux d’étudiants de certaines grandes universités.

Pour la Chine, on trouve par exemple sur le site de la Bibliothèque Nationale de Chine la liste des ressources permettant de rechercher et accéder aux mémoires de master et aux thèses produites en Chine (http://www.nlc.cn/newen/dissertations/).

Pour la Corée, la base RISS (voir notre article « La base multidisciplinaire Riss International » - BASES n° 380 - mai 2020) recense des mémoires et des thèses (https://intl.riss.kr/).

Pour le Canada, le portail Theses Canada recense des mémoires et des thèses (https://www.bac-lac.gc.ca/fra/services/theses/Pages/recherche.aspx).

Globalement, avec les sources internationales, il est difficile de déterminer si la base ou archive ouverte recense à la fois des mémoires et des thèses ou bien uniquement des thèses.

Généralement les deux sont mélangés et le vocabulaire n’aide pas non plus. En anglais, le terme thesis fait aussi bien référence aux thèses qu’aux master ou bachelor thesis qui ne sont en fait que des mémoires. Le terme Dissertations peut également renvoyer aussi bien aux thèses qu’aux mémoires et aussi à d’autres travaux étudiants.

Contrairement à la base DUMAS qui est entièrement gratuite, certaines bases spécialisées sur les thèses et mémoires au niveau national peuvent être payantes dans certains pays.

On constate enfin qu’il existe de nombreuses initiatives de recensement et de diffusion propre à chaque université qu’il convient également d’interroger (cf. Figure 3. Recensement et mise à disposition des mémoires des 50 premières universités du classement de Shanghai).

Figure 3. Recensement et mise à disposition des mémoires des 50 premières universités du classement de Shanghai

Méthodes pour identifier d’autres mémoires d’étudiants en ligne

Au-delà des initiatives et ressources cités dans cet article, il y a également de nombreux mémoires issus d’autres universités ou écoles susceptibles de nous intéresser dans le cadre d’une recherche ou d’une veille. Mais comment faire pour les identifier s’ils ne sont pas dans les grandes bases et outils de recherche dédiés aux mémoires ?

Le nombre d’établissements d’enseig­nement supérieur à travers le monde est tel qu’il est inenvisageable de faire un recensement global. Il va donc falloir procéder autrement.

Utiliser Google pour repérer des mémoires en libre accès

Le premier réflexe est d’utiliser Google (et autres moteurs de recherche) pour repérer des mémoires pertinents non référencés dans les sources citées dans cet article.

Pour cela, on aura intérêt à croiser le sujet de sa recherche avec des termes faisant référence aux mémoires.

Pour notre exemple sur les mémoires traitant de la thématique du syndrome d’Asperger, on pourrait entrer les requêtes suivantes :

- Mémoire asperger

- Mémoire en ligne asperger

- Mémoire étudiants asperger

- Mémoire université asperger

- Mémoire de master asperger

- Master thesis asperger

- Bachelor thesis asperger

- Dissertations asperger

On aura également intérêt à traduire le terme « mémoire » dans les différentes langues qui nous intéressent.

On peut également ajouter filetype:pdf aux requêtes car c’est généralement sous ce format que l’on retrouve les mémoires en ligne.

Dans le cas de notre exemple sur le syndrome d’Asperger, cela nous a permis :

- D’identifier des mémoires issus d’écoles et universités que nous n’avions pas explorées ;

- De tirer parti d’articles en ligne, billets de blog, listes de liens qui regroupent des ressources-clés (et notamment des thèses et mémoires) sur le thème du syndrome d’Asperger.

Identifier des organismes, experts, laboratoires, instituts de recherche

Une autre méthode consiste à ne pas rechercher directement des mémoires mais essayer d’identifier des universités, experts ou laboratoires qui ont une expertise sur le sujet qui nous intéresse.

Ainsi, si un spécialiste de notre question enseigne dans une université ou une école ou si un laboratoire est spécialisé sur cette question dans une université, il y a toutes les chances pour que des étudiants travaillent sur cette question également et qu’il y ait à la clé des mémoires sur le sujet.

Pour cela, on adoptera une démarche classique d’identification d’experts ou d’organisme en :

- Interrogeant la littérature scientifique pour repérer les principaux auteurs qui écrivent sur le sujet. On regardera ensuite où ils enseignent ;

- En explorant les réseaux de citations des articles scientifiques ;

- En interrogeant le Web et notamment Google pour repérer des experts ou des laboratoires /départements travaillant sur la thématique qui nous intéresse.

Une fois que l’on a repéré des universités ou écoles potentiellement intéressantes, on ira regarder s’ils proposent une archive ouverte, s’ils archivent leurs mémoires dans une base de données ou si les mémoires sont référencés sur le site de la bibliothèque.

Quand les mémoires ne sont pas accessibles en ligne

Dans certains cas, il est possible d’identifier un mémoire soit en interrogeant un catalogue de bibliothèque soit parce qu’il est cité dans des références bibliographiques mais on ne réussit pas à accéder au texte intégral du mémoire.

Dans ce cas, on ne baissera pas les bras trop vite…

Contacter directement la bibliothèque, l’étudiant lui-même ou le directeur de mémoire peut parfois permettre de récupérer le document en question.

Conclusion : Une démarche intéressante qui reste malgré tout chronophage

Le signalement et la mise à disposition des mémoires d’étudiants se sont indéniablement améliorés avec le temps mais on est encore très loin de ce qui est proposé pour les thèses.

Cela reste un processus chronophage et pas toujours couronné de succès. Il faut donc bien déterminer en amont s’il est rentable de se lancer dans une telle démarche par rapport à une veille ou une recherche d’information.