Veille et recherche d’informations : une source à ne pas négliger
La veille marque / e-réputation
Commençons par le plus évident. Les entreprises souhaitant surveiller leurs marques ou détecter un « bad buzz » ont tout intérêt à surveiller ces canaux qui regorgent de contenus potentiellement pertinents par rapport à cette thématique. On pensera notamment à toutes les entreprises qui interagissent avec le consommateur final (agroalimentaire, cosmétiques, pharmacie, industrie du divertissement, etc). Il n’est en effet pas rare que des consommateurs testent un produit ou tout simplement en vante la qualité ou les défauts en utilisant des vidéos.
En entrant par exemple dans YouTube la marque Haribo, on trouve aussi bien des reportages TV avec la visite d’une usine de fabrication que des vidéos de dégustations ou encore des vidéos alarmistes sur les composants soi-disant « cancérigènes » de ces produits.
Entreprises : un canal de communication
On a tendance à oublier que ces plateformes vidéos ne comptent pas uniquement des contenus publiés par des particuliers. De nombreuses entreprises (majoritairement les grandes entreprises ou celles avec un fort ancrage digital/médias sociaux (de type start-up) disposent de chaînes Youtube et diffusent de l’information par ce canal.
Ces chaînes étant un instrument de communication des entreprises, on n’y trouvera pas d’éléments sensibles mais on pourra disposer d’informations sur des lancements produits, des visions stratégiques à long-terme ou à court-terme, des reportages lors de salons/conférences, etc.
Parmi les entreprises du CAC40, toutes sans exception disposent d’une ou plusieurs chaînes YouTube régulièrement mises à jour et avec de nombreux contenus. Alstom propose par exemple des vidéos sur l’entreprise dans le monde, les nouveaux développements en matière de transport urbain, de signalisations, etc. alors que Publicis publie des vidéos annonçant ses résultats financiers, reprenant les vœux et les discours du CEO, des interviews des cadres et dirigeants ou encore des making-of de publicité.
En revanche, les entreprises sont beaucoup moins nombreuses à avoir une chaîne Dailymotion et lorsqu’elles en ont, elles ont tendance à publier moins de contenu que sur leur chaîne YouTube.
Médias : des compléments aux supports traditionnels
Les chaînes de TV, radio ou même des titres de presse écrite d’une certaine ampleur disposent bien souvent de chaînes YouTube. On y trouve aussi bien des rediffusions d’émissions et de reportages que des contenus exclusifs Web.
A titre d’exemple Le Monde, Le Figaro ou encore le Nouvel Obs disposent de chaînes YouTube. Le Monde diffuse des vidéos explicatives (comprendre l’actualité en 3 minutes, des portraits de personnalités, des critiques ciné/musique, des reportages sur le terrain ainsi que des décryptages et débats). Même des sites de presse locale comme Ouest France, le Dauphiné Libéré ou encore le Progrès s’y sont mis.
D’autre part, certains internautes rediffusent des reportages (plus ou moins légalement d’ailleurs) et émissions ce qui peut avoir un intérêt pour les contenus non disponibles en replay sur le site de la chaîne ou pour les chaînes et médias étrangers auxquels il est souvent difficile d’avoir accès. Ainsi, si l’on fait une recherche d’actualité (sur le scandale de corruption Petrobras au Brésil par exemple), on peut identifier facilement des vidéos publiées par des médias anglophones (Financial Times, CCTV, CNN, BBC, etc.) et brésiliens ainsi que des vidéos de reportages TV rediffusées par des internautes.
YouTube n’est donc certainement pas une source à négliger. En revanche, on se montrera plus circonspect pour Dailymotion qui semble réellement en perte de vitesse et avoir beaucoup de mal à attirer les médias et entreprises. A moins de vouloir absolument être exhaustif, Dailymotion n’aura qu’un intérêt très limité pour les professionnels.
Un formidable outil de formation
En dehors du champ de la veille et de la recherche d’informations, YouTube excelle en tant qu’outil de formation aussi bien professionnelle qu’académique.
Que vous vouliez vous former au langage html, apprendre une langue étrangère, savoir comment utiliser un outil de veille, un lecteur de flux RSS ou comment rechercher sur Google, il existe au minimum une vidéo sur le sujet sur YouTube. Tous les contenus ne sont pas de qualité égale (et c’est bien là la difficulté de départager les contenus très pertinents des contenus médiocres) mais on trouve tout de même un grand nombre de vidéos de grande qualité.
A l’heure où il y a une baisse drastique des heures de formation offertes au sein des entreprises, YouTube peut représenter une solution de repli intéressante (cela ne remplacera jamais une réelle formation professionnelle qui reste néanmoins toujours supérieure de par son contenu et les possibilités d’interactions avec le formateur ainsi que les autres participants).
D’ailleurs, certains MOOC (formation en ligne ouverte à tous) sont hébergés sur YouTube et peuvent donc être accessibles par ce biais.
Autre intérêt : la formation aux outils de veille. Si vous devez par exemple choisir un outil de veille, un outil collaboratif, un abonnement à une base de données, etc. mais vous n’avez pas le temps de faire un benchmark complet des différentes solutions sur le marché. Encore une fois, YouTube peut vous apporter des éléments de réponses à deux niveaux.
D’une part, les éditeurs d’outils/solutions proposent souvent des vidéos de présentation de leurs produits et tutoriels, ce qui permet de se faire une première idée du produit. Et, d’autre part, certains internautes testent ces produits et proposent parfois des vidéos détaillant les résultats de leurs tests et leur avis sur le produit.
Prenons l’exemple des outils de veille sur les médias sociaux :
Si l’on fait une recherche sur Digimind, YouTube ramènera une « review » du produit Digimind Social effectuée par un site spécialisé dans la comparaison de produits, un retour d’expérience du déploiement de la plateforme au sein du Crédit Agricole, ainsi que différentes vidéos promotionnelles postées par la société Digimind elle-même. Et il en est de même pour les autres outils du même genre Sindup, Synthesio, LexisNexis Newsdesk, Sysomos, etc.
Au delà de la sphère professionnelle, YouTube revêt un intérêt non négligeable pour le secteur de l’enseignement avec de nombreuses vidéos éducatives. On a d’ailleurs beaucoup entendu parler dernièrement des « Youtubeurs scientifiques » qui proposent des vidéos de vulgarisation scientifique visionnées des millions de fois pour certaines.
Dans l’univers francophone, on pourra citer la chaîne e-penser qui aborde de multiples questions dans des domaines divers et variés, Dany Caligula ou Coup de philqui parlent de philosophie, Histoire Brève ou Nota Bene pour les faits historiques, MicMaths pour les mathématiques, etc. Du côté anglophone, on pourra penser à Veritasium, In a nutshell, Scishow, Sickscience, Reactions, Smartereveryday, MinutePhysics, ou encore Deeplook.
Enfin, les conférences et salons sont toujours un excellent moyen de se tenir au courant des dernières évolutions du secteur et d’assister à des conférences et présentations de produits. Mais quand on ne peut s’y rendre (par manque de temps ou simplement en raison de la distance), certains organisateurs proposent des vidéos des différentes interventions qui permettent ainsi d’avoir une séance de rattrapage.
Ainsi pour notre domaine, on peut trouver des vidéos de Documation (qui dispose d’une chaîne dédiée sur YouTube, toutes les interventions et conférences de l’association professionnelle CILIP (Chartered Institute of Library and Information Professionals) au Royaume-Uni, les vidéos des interventions de la SLA Europe (Special Library Association), etc.
YouTube : des fonctionnalités de recherche intéressantes
Maintenant que nous avons vu que les plateformes vidéos et principalement YouTube avaient un intérêt pour les professionnels sur différents aspects, étudions maintenant comment on peut rechercher efficacement au sein de son contenu.
Il existe deux manières d’interroger le moteur : en utilisant l’interface de Google (qui détient YouTube) ou l’interface de YouTube.
Via Google, il suffit d’entrer les termes de sa recherche (en utilisant les opérateurs traditionnels de Google) puis de cliquer sur l’onglet « Vidéos ». Parmi les résultats, on trouve aussi bien des résultats issus de YouTube que des vidéos hébergés sur des sites Web indépendants, Dailymotion ou encore Viméo.
En cliquant ensuite sur le bouton « Outil de recherche » de Google, on dispose alors de filtres spécifiques aux contenus vidéos :
- Durée (courtes, moyennes ou longues)
- Dates
- Qualité (toutes qualité ou haute qualité)
- Vidéos avec sous-titres
- Limitation à une source (YouTube, Dailymotion, Viméo, etc).
L’avantage de passer par Google, c’est que l’on peut interroger plusieurs moteurs/plateformes vidéos en une seule requête.
Néanmoins, on constate pour YouTube que la plateforme propose des fonctionnalités de recherche supplémentaires intéressantes.
- Date d’ajout
- Le type de contenu : Vidéo, chaîne, playlist, film, Emission
- Fonctionnalités : 4K, HD, Sous-titres, Creative commons, 3D, en direct, Acheté, 360 °
- Tri par pertinence, date de mise en ligne, nombre de vues et avis
- Langue
- Pays
Enfin, la principale difficulté (comme pour la majorité des contenus Web) est d’évaluer la qualité des contenus postés. Quand quelqu’un poste une rediffusion d’un reportage ou d’une émission TV, finalement peu importe son identité car on peut facilement voir s’il s’agit bel et bien de l’émission en question.
En revanche, pour les autres vidéos, on pourra regarder différents indicateurs pour essayer d’estimer la fiabilité du contenu et les compétences supposées de l’internaute :
- Nombre de vues des vidéos
- Nombre d’abonnés à la chaîne
- Date d’inscription à YouTube
- Petit descriptif du membre et lien vers un site Web ou d’autres plateformes (Twitter, Facebook, Slideshare, LinkedIn, etc)
Viméo : le versant pro des plateformes vidéos ?
On peut parfois lire que Viméo serait le pendant professionnel de YouTube. Mais qu’en est-il vraiment ?
Nous avons effectué quelques tests et il est vrai que le contenu professionnel est bien plus fourni que sur Dailymotion ainsi que les fonctionnalités de recherche mais on ne peut pas en dire autant par rapport à YouTube.
On trouve quelques vidéos intéressantes non accessibles sur YouTube mais cela reste quand même rare et surtout le nombre de résultats est bien inférieur à celui de YouTube.
Notre avis
YouTube est la plateforme de diffusion la plus communément utilisée par les internautes et les entreprises.
C’est donc dans cette source qu’il faudra principalement orienter ses recherches.
Si l’on a besoin de compléments ou que l’on recherche l’exhaustivité, c’est seulement à ce moment-là que l’on pourra se tourner vers d’autres sources comme Viméo ou Dailymotion.