CIKISI a un discours assez original par rapport à ses concurrents, en mettant en avant la valeur ajoutée du professionnel dans le sourcing et l’importance du contrôle de la qualité des sources, seuls gages de la pertinence des résultats. Cikisi prône un sourcing fin et précis, réalisé par le veilleur lui-même (ou une communauté d’utilisateurs) plutôt que l’intégration a priori d’un gros corpus de sources déjà paramétrées sur lequel le client n’a généralement pas ou peu la main, comme dans certaines plateformes de veille.
Des fonctionnalités au service du process métier
Les fonctionnalités de la plateforme sont organisées autour des trois dimensions définies, à savoir : « watch, search, explore », qui structurent la démarche de veille.
L’activité de veille
La veille se décline en deux concepts bien connus des veilleurs : la veille radar et la veille ciblée (appelée ici Target), déclinées via des fonctionnalités et un process spécifique dans le produit.
La veille ciblée, qui vise un taux de bruit faible, consiste à surveiller et filtrer des sources jugées pertinentes dans le cadre des thématiques de veille traitées. Issues des médias généralistes, des magazines spécialisés, forums, blogs, sites d’entreprise, comptes Twitter d’experts métier, pages publiques Facebook, etc., elles sont crawlées toutes les heures ou une fois par jour.
La veille radar, présentée comme « contrôlée et limitée au maximum », consiste à interroger les moteurs de recherche de Google, Twitter, YouTube, etc. via des requêtes (incluant mots-clés, hashtags, etc.). Elle permet notamment de découvrir de nouvelles sources pouvant être intégrées aux sources ciblées.
Pour l’heure, Cikisi donne accès par défaut à 35 000 sources et sites gratuits utiles, dans un contexte professionnel (presse et magazines spécialisés, bases de données, sites institutionnels, sites scientifiques, réseaux sociaux…).
La fonction de recherche
Les clients de Cikisi conservent un accès aux articles collectés dans le cadre de leur veille et ceci tout au long de leur période d’abonnement. A ce jour, 200 millions d’articles, accessibles publiquement, ont été indexés et enrichis par Cikisi. L’éditeur propose en outre à ses clients francophones de souscrire à la redevance CFC annuelle destinée aux logiciels de veille, ce qui permet de partager le fruit d’une veille, réalisée sur plusieurs centaines de sources françaises, en conformité avec les droits d’auteur.
Elles peuvent donc être recherchées via le moteur de recherche développé par Cikisi, qui se distingue des grands moteurs commerciaux du marché par un certain nombre de caractéristiques :
- Le moteur est configurable via le choix des sources l’alimentant (type, pays, catégories, langue, etc.) ou encore via l’ajout de concepts métier (champs lexicaux, thésaurus) pouvant servir de filtre aux résultats de recherche ;
- Une aide à la rédaction des requêtes booléennes est proposée, des filtres intelligents apparaissant en dessous de la barre de recherche, composés de mots-clés ou entités les plus présentes dans les résultats de recherche ;
- Il est possible de trier les résultats en fonction de différents critères classiques (date, pertinence), mais aussi des valeurs d’engagement Facebook, le nombre de vues sur Cikisi ou selon la sélection de MILA, le bot développé par Cikisi (cf. encadré).
La fonction d’exploration, appelée Explore
Le module Explore offre plusieurs visualisations classiques des données : nuages de mots et d’entités, graphiques d’occurrence, représentations graphiques diverses…
L’utilisation de MILA (cf. encadré) permet de dépasser ce premier niveau de visualisation, avec des représentations telles que la carte de chaleur dessinant les localités mentionnées dans le texte des articles, la carte « densité » représentant réellement la part de publication d’une thématique dans un pays ou encore les graphiques représentant les valeurs d’engagement social Facebook. Chaque visualisation permet de filtrer les résultats, en sélectionnant par exemple un mot dans un nuage de mots ou en dessinant une zone géographique sur une carte. D’après Cikisi, l’utilisateur peut ainsi explorer rapidement les données, identifier les tendances, aussi les signaux faibles et pépites informationnelles.
Zoom sur MILA, un assistant faisant appel à différentes technologies, dont l’IA
La société définit trois modes de fonctionnement possibles.
- Le premier, toujours activé, enrichit en amont le contenu collecté par la plateforme en plusieurs langues (français, anglais, allemand, italien, espagnol et néerlandais) via la détection de mots-clés et entités nommées, l’attribution d’un type à une entité (nom de lieu, de personne ou d’organisation) ou association des coordonnées géographiques aux lieux détectés. Ce premier mode traite maintenant également les images via différentes technologies (fingerprinting, OCR, face détection, colors extraction, etc.).
- Le second mode permet de recommander du contenu à l’utilisateur, sur la base du taux de similarité des textes, l’emploi d’images similaires ou identiques ou le contexte de l’article. Ce mode ne tient donc pas compte de l’historique des utilisateurs.
- Le troisième mode tient compte des actions des utilisateurs pour recommander du nouveau contenu. Ce mode est optionnel et doit être autorisé par le client. Sur la base des actions des utilisateurs sur la plateforme (ouverture, marquage, partage, placement d’un article dans une collection/dossier favori, ajout de commentaire, mention aime/n’aime pas sur un article), MILA propose à ceux-ci une sélection d’articles potentiellement intéressants. Il s’agit d’une surcouche ajoutée aux filtres existants (booléens ou reposant sur les caractéristiques des sources).
Une autre possibilité offerte est celle de laisser MILA alimenter un ses dossiers favoris en fonction des contenus déjà ajoutés par les utilisateurs de la société cliente.
On est donc ici dans un système d’entraînement et d’apprentissage par la machine à partir des sélections opérées par le(s) veilleur(s).
Le travail du professionnel de l’information à travers cette plateforme
CIKISI défend le côté irremplaçable de l’humain dans le travail de veille à plusieurs niveaux :
- La configuration de la veille sur une plateforme qui « demande un réel investissement des membres de l’organisation », pour la définition des rôles de chacun ;
- La constitution du corpus de veille : « Construire le corpus de sources ciblées d’une plateforme de veille est une mission primordiale pour les organisations et c’est dans cette tâche qu’elle apporte une partie de sa plus-value » (Valéry MAINJOT, co-fondateur et gérant de CIKISI https://huit.re/1SKsgYo0) ;
- La définition des thématiques de veille, des requêtes complexes, la sélection humaine des contenus pertinents, leur analyse, synthèse et commentaires que seul peut faire un être humain au cœur de son métier, bénéficiant d’une connaissance irremplaçable de son environnement.
Une approche mixte humain/IA
Ce produit nous paraît se distinguer par une compréhension très fine et technique du métier de veilleur, via une plateforme qui couvre l’ensemble du process fonctionnel, - de la captation des données jusqu’à l’envoi des livrables de veille (rapports, newsletters).
Ce faisant, il défend une conception équilibrée en termes de valorisation du travail humain et de la machine. L’accompagnement du veilleur repose sur la reconnaissance des actions intellectuelles où l’humain apporte une valeur ajoutée unique, tout en lui offrant la possibilité de faire émerger des contenus filtrés et organisés via des moyens technologiques plus puissants que l’approche booléenne classique ou autres filtres humains conceptuels.