Veille et poisson d’avril : et si le piège ne se refermait pas le 1er avril ?

Carole Tisserand-Barthole
Netsources no
121
publié en
2016.03
749
Acheter ce no
Tags
méthodologie
Veille et poisson d’avril : et si le piège ne se refermait ... Image 1
Veille et poisson d’avril : et si le piège ne se refermait ... Image 1

Le 1er avril, de nombreux sites de presse ou blogs jouent le jeu du poisson d’avril en rédigeant des articles plus ou moins farfelus. Certains pièges sont facilement détectables, d’autres beaucoup moins. Ce qui est sûr, c’est que ce jour-là, notre vigilance est accrue et on a tendance à se poser plus de questions quant à la véracité de ce que l’on lit.

Mais notre vigilance baisse à nouveau dès le lendemain et c’est là que les problèmes commencent ... En effectuant une recherche d’informations des semaines, des mois ou des années plus tard, il n’est pas impossible de tomber sur des actualités complètement fausses publiées un 1er avril et de ne même pas s’en rendre compte.

Notamment :

  • Un article de GQ intitulé « Exclu : Cyril Hanouna récupère le Grand Journal »
  • Un article du Telegraph : « Exclusive : England to face Euro 2016 ban if Britain votes to leave EU »
  • Un article de Rue89 « Accronnecté : la folie « quantified self » atteint Manuel Valls »

La politique des sites de presse et blogs en matière de poisson d’avril varie énormément d’un éditeur à l’autre. Dans certains cas, le site supprime tout simplement l’article quelques jours après (c’est le cas du Monde notamment), dans d’autres cas, une indication est ajoutée dans le titre ou premier paragraphe dès le lendemain comme Rue89 qui a par exemple rajouté la mention « Ex-poisson » dans le titre. D’autres encore rajoutent une image avec un poisson (ce qui n’est dans ce cas pas visible dans une liste de résultats - c’est le cas du blog d’Abondance et de son billet intitulé « Google abandonne l’affichage des résultats naturels sur 74% des requêtes ! »). Enfin, certains n’ajoutent aucune indication et c’est au lecteur de détecter la supercherie à la lecture de l’article ou des commentaires.

Parmi les poissons d’avril que nous avons testés, l’article de GQ par exemple ne donne aucune indication prouvant qu’il s’agit bien d’une plaisanterie. Celui du Telegraph non plus et il n’est donc pas impossible de se faire piéger dans le futur en effectuant une recherche. D’ailleurs tous ces articles se retrouvent sur les agrégateurs d’informations sans mention spécifique (sauf si l’éditeur a lui même rajouté une indication) comme Pressedd, Factiva, Europresse ou encore LexisNexis, etc.

Morale de l’histoire : Méfiez-vous toujours des articles publiés un 1er avril et ce, quel que soit l’outil utilisé pour la recherche d’informations (moteurs de recherche ou agrégateurs/bases de données payants). Et n’oubliez pas que cette tradition n’existe pas qu’en France mais aussi aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, au Canada, en Italie, en Pologne, en Croatie, en Slovénie, au Portugal, en Suisse, en Suède, en Finlande, en Russie, au Brésil, en Roumanie et même au Japon ! A noter que le même genre de tradition existe en Espagne et en Amérique Latine mais a lieu le 28 décembre et en Inde en mars/avril. Méfiance donc lors de vos veilles à l’international !