Le CEA facilite la recherche d’experts scientifiques grâce à son moteur CEA360

Carole TISSERAND-BARTHOLE, François LIBMANN
Bases no
404
publié en
2022.06
1674
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trésor du web | moteurs académiques
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Rechercher des experts est une problématique courante de la recherche d’information scientifique et technique.

Quand on dispose de bases de données et serveurs scientifiques payants tels que Scopus, Web of Science, STN ou encore Dialog Solutions, l’exercice présente relativement peu de difficultés. Ces outils ont en effet développé avec les années des fonctionnalités, notamment de datavisualisation, qui permettent l’identification d’experts en faisant ressortir les auteurs les plus prolifiques et les plus cités sur une thématique donnée. Certains ont également développé des outils de recherche d’experts ou ont racheté des outils dédiés existant sur le marché. De plus, ces outils ont l’avantage de proposer des langages de recherche sophistiqués qui permettent d’avoir une approche très fine et donc d’identifier les spécialistes de n’importe quel sujet, aussi précis soit-il.

Mais quand on ne dispose pas d’accès à ces outils payants et qu’il faut réussir à identifier des experts en n’utilisant que des outils gratuits, cela s’avère nettement plus chronophage et compliqué.

Dans cet article, nous explorons le nouveau moteur du CEA dédié à la recherche d’experts et nous revenons ensuite sur les autres solutions gratuites qui existent aujourd’hui sur le marché pour identifier des experts scientifiques.


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Tout au long de cet article, nous prendrons un exemple de recherche d’experts pour illustrer la méthodologie : il s’agira d’essayer d’identifier des experts/spécialistes des microalgues en France. La recherche se fera en français et en anglais, car il ne faut pas oublier que la grande majorité des articles de recherche sont en anglais même quand il s’agit de chercheurs français.

Le CEA lance CEA360, un moteur de recherche pour identifier ses experts

Le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) vient tout juste de lancer un moteur, CEA360 dont l’ambition est de permettre la découverte des activités de recherche du CEA.

L’idée est intéressante, car le CEA est un organisme gigantesque qui est loin de se limiter à la seule thématique de l’énergie atomique et dont les entités sont réparties aux quatre coins de la France.

Parmi les thématiques couvertes par le CEA, on trouve également l’assainissement, la défense et la sécurité, les différentes énergies, l’environnement, le numérique et les nouvelles technologies ou encore la santé et la science du vivant.

Jusqu’à présent, il n’était pas évident pour quelqu’un d’extérieur au CEA de se repérer dans cet immense organigramme et de réussir à repérer les bonnes entités en lien avec ses thématiques de recherche.

Le fonctionnement est simple : l’internaute entre dans le moteur une thématique, un nom d’unité ou sigle, le nom d’un site ou le nom d’un partenaire potentiel du CEA.

Nous avons donc entré la thématique « microalgues » dans le moteur.

L’outil nous propose alors les résultats sous forme d’une carte mentale composée de plusieurs colonnes, quatre au maximum (cf. Figure 1. Résultats d’une recherche sur la thématique « Microalgues »)

  • Thématiques : on visualise ici les différentes thématiques couvertes par le CEA répondant à notre question. Dans notre cas, une seule thématique spécifique qui est donc celle des microalgues.
  • Unités : sont ici listées les unités qui travaillent sur notre problématique et leur rattachement dans l’organigramme global du CEA. Dans notre cas, on a cinq laboratoires travaillant sur la question des microalgues.
  • Implantations : on trouve ici la localisation des unités répondant à la requête. Dans notre cas, les laboratoires pertinents sont situés à Saclay, à Grenoble et à Cadarache.
  • Partenariats : on trouve ici les éventuels partenariats du CEA avec des universités, des entreprises, des associations ou des institutions. Pour notre exemple, cette colonne était absente, car il n’y avait pas de partenariats externes sur la thématique des microalgues.

L’internaute a également la possibilité de visualiser les résultats sur une carte de France en cliquant sur l’onglet « Carte » sur la droite de l’écran.

Tous les éléments sont ensuite cliquables et il est possible de filtrer les résultats à partir de chacun d’eux : par exemple, limiter les résultats aux unités implantées en Île-de-France, etc.

Figure 1. Résultats d’une recherche sur la thématique « Microalgues »


Notre avis

 L’outil est indéniablement intéressant et de nombreux organismes français auraient tout intérêt à prendre modèle sur le CEA pour mieux mettre en valeur la recherche française et ses acteurs. C’est un peu ce que fait déjà le moteur ScanR à l’échelle nationale avec un recensement d’entités et d’auteurs de la recherche et de l’innovation. Mais le choix de CEA360 de proposer des résultats sous forme de carte mentale confère une véritable valeur ajoutée à cet outil et on a tout intérêt à interroger CEA360, quand bien même on a déjà repéré des experts ou entités du CEA en passant par d’autres outils de recherche d’experts.

L’outil se focalise avant tout sur la détection d’entités de recherche et non directement d’experts. Il faut ensuite aller explorer les sites des différentes entités pour repérer les noms des chercheurs et experts et trouver la liste des publications et des thèses associées. Les liens de redirection vers les sites Web des entités ne fonctionnent pas toujours et mènent vers des erreurs 404.

Et comme l’outil est dédié aux compétences internes du CEA, il faudra bien sûr coupler sa recherche avec d’autres outils avec une couverture globale (organisations et pays) quand on effectue une recherche d’experts.


 Quelles sont les autres solutions pour identifier des experts en passant par des outils gratuits ?

On constate que les outils permettant la détection d’experts sont variés et peuvent proposer des approches très différentes :

  • Certains listent des entités, labo­ratoires ou des chercheurs auxquels ils attribuent des thématiques ou des tags. On est alors sur des sortes d’annuaires. C’est par exemple le cas du moteur proposé par le CEA. L’internaute ne recherche alors pas du tout sur la littérature scientifique (auteurs les plus cités), mais uniquement sur des entités correspondant à ses critères pour identifier des experts.
  • D’autres utilisent la littérature scientifique pour l’identification d’experts en faisant ressortir les personnes ayant publié le plus sur le sujet, ayant été le plus cités, ayant déposé le plus de brevets, etc.

L’idéal est de combiner plusieurs outils proposant des approches différentes en matière de recherche d’experts.

Pour identifier des experts en tirant parti d’outils gratuits, on pourra :

  • Interroger Google en croisant des termes liés à l’expertise (expert, spécialiste, etc.) avec le sujet qui nous intéresse (ici en l’occurrence microalgues, microalgae, etc.)
  • Rechercher des profils de chercheurs dans le moteur de profils de Google Scholar . On entrera la requête label:microalgae pour repérer des profils de chercheurs qui ont indiqué travailler sur la thématique des microalgues. On déconseillera de croiser la recherche avec le terme France pour limiter aux chercheurs français, car certains profils n’indiquent pas la localisation du chercheur. Pour notre exemple, un des résultats pertinents (un chercheur français du CEA) n’apparaîtrait pas si on essayait de filtrer par pays.
  • Utiliser les fonctionnalités graphiques ou de dataviz des moteurs académiques gratuits comme Lens ou Dimensions pour repérer les auteurs les plus cités et/ou les plus prolifiques ;
  • Interroger ScanR, le moteur de la recherche et de l’innovation française qui va permettre à la fois d’identifier des auteurs, mais aussi des entités de recherche. La requête microalgae | microalgues dans ScanR permet ainsi de faire ressortir 691 entités et 1360 auteurs. Les résultats peuvent être visualisés sous forme de liste ou de cartographie.
  • Interroger des outils dédiés comme Lab Explorer par exemple qui se présente comme une marketplace pour trouver des partenaires R&D à travers le monde. Il permet d’identifier des laboratoires de recherche ou des entreprises. Attention tout de même à bien évaluer tous ces outils qui sont de qualité très variable.