ResearchGate est un réseau professionnel de chercheurs qui revendique plus de 20 millions de membres, sachant que l’inscription est libre, sous condition d'appartenir d'une façon ou d'une autre à la communauté scientifique ; seule la navigation reste possible pour les autres internautes.
Créé en 2008, le site a pour but de faciliter la collaboration entre chercheurs, en particulier en leur permettant de partager librement leurs publications.
Au milieu des années 2010, Il y avait eu un premier bras de fer entre ResearchGate et les éditeurs scientifiques qui l’accusaient de donner accès librement à des articles scientifiques qui n’étaient absolument pas en open access. En 2017, après des menaces de poursuites en justice, ResearchGate avait décidé de réagir à sa façon en supprimant un certain nombre de publications présentes dans son système. Certaines publications ont ainsi été rendues privées avec un accès restreint à certaines personnes et d’autres ont tout simplement été supprimées sans que l’auteur n’ait été prévenu au préalable.
Au final 1.7 million d’articles avaient ainsi été supprimés ou rendus privés.
Lire aussi :
Comment bien rechercher l’information scientifique et technique ?
De la référence bibliographique au texte intégral des articles scientifiques, il n’y a pas toujours qu’un pas
Recherche d’information académique : enfin une comparaison concrète entre gratuit et payant
Aujourd’hui encore, il est possible de récupérer gratuitement certains articles sur ResearchGate. Et certains articles ne sont clairement pas censés être en open access. Il semblerait que ResearchGate ait continué à fermer les yeux sur ces pratiques.
Ainsi, quand on trouve une référence d’article référencé sur ResearchGate, il faut envoyer un mail à l’auteur si l’on souhaite recevoir l’article complet correspondant. Manifestement, si l’on n’est pas inscrit ou si son adresse mail n’a pas une apparence académique, il ne faut pas compter recevoir la copie (gratuite) de l’article.
C’est en tout cas notre expérience personnelle. Si les conditions évoquées plus haut sont remplies, il semble que cela marche beaucoup mieux.
Mais le fonctionnement de ResearchGate agace toujours les éditeurs
Les éditeurs, en particulier des éditeurs importants comme Elsevier et l’ACS (American Chemical Society) ne l’entendent pas de cette oreille et ont à nouveau engagé une action juridique.
En effet, dans la plupart des cas, les auteurs de ces articles, ont, dans le cas d’un contrat standard très répandu, cédé à l’éditeur de l’article la totalité de leurs droits.
Ils n’ont, par conséquent, pas le moindre droit de donner une copie de leur article à qui que ce soit.
Figure 1 : Capture d'écran de l'interface ResearchGate
De nouvelles suppressions pour ResearchGate
ResearchGate n’avait donc d’autre possibilité que d’obtempérer et de retirer les 200 000 articles concernés. Néanmoins, cela ne représente pas la majorité des articles présents dans la plateforme. ResearchGate déclare déplorer, bien sûr, cette entrave à l’échange d’information entre chercheurs.
On remarquera toutefois que les deux éditeurs Elsevier et ACS pratiquent aussi l’open access pour tout ou partie de leurs publications et dans ce cas, on peut supposer que les articles sont toujours présents dans ResearchGate. Cela dit, il est, du coup, beaucoup plus facile de se les procurer directement, par exemple sur ScienceDirect pour les articles publiés par Elsevier sans être obligé de passer par l’auteur. Après le premier tour de vis en 2017 et maintenant le second en 2021, on peut se demander s’il va vraiment rester grand-chose sur la plateforme… D’autant que les éditeurs n’hésiteront pas à les attaquer à nouveau en justice s’ils le jugent nécessaires.