La richesse des bases de données coréennes

François Libmann
Bases no
381
publié en
2020.05
783
Acheter ce no
Tags
Corée du Sud | évaluation outils | serveur de bases de données | information scientifique et technique
La richesse des bases de données coréennes Image 1

Nous avions, avec Philippe Bodart (Total Research & Technology, Feluy-CFIB) déploré dans un précédent numéro de BASES la baisse régulière depuis plusieurs années du nombre d’articles d’origine asiatique référencés dans les bases de données/agrégateurs/serveurs  occidentaux ».

Le producteur de Chemical Abstracts Services nous avait à cette occasion, expliqué que le nombre de brevets déposés dans cette zone croissait fortement et qu’ils avaient, au moins pour un temps, privilégié les brevets par rapport à la littérature. Les références à cette dernière étant supposées, à terme, ré-augmenter suite à l’embauche de nouveaux experts.

Nous avions annoncé alors que nous explorerions les bases de données de certains de ces pays avec l’aide du bureau Asie de l’OEB (Office Européen des Brevets) à Vienne que nous tenons à remercier ici.

C’est chose faite dans ce dossier, où nous avons exploré les bases de données coréennes de littérature scientifique et académique, avec l’objectif de voir quel intérêt il pouvait y avoir à les utiliser, en complément des serveurs-agrégateurs occidentaux. Précisons que nous avons limité notre champ d’exploration aux bases de données référençant essentiellement des documents scientifiques et techniques hors sciences humaines et sociales.

Lire aussi :

Forte chute des références d’articles en langue asiatique dans Chemical Abstracts


 Pourquoi la Corée du Sud ?

La Corée du Sud, comme le Japon ou la Chine, en particulier, montent fortement en puissance tant sur le plan économique que technologique.

Il n’est donc plus possible de les ignorer, que ce soit dans le cadre d’une veille technologique, dans l’optique d’une recherche d’antériorité avant éventuel dépôt de brevet, ou bien encore dans le cas d’un litige portant sur un brevet. Nous n’avons pas oublié la Corée du Nord : dans Scopus nous avons trouvé environ 1 000 documents, tous écrits en anglais sauf deux d’entre eux, avec au moins une affiliation Corée du Nord.

Si les brevets coréens sont maintenant disponibles à de multiples endroits, de plus en plus souvent agrémentés d’une traduction machine du texte intégral en anglais, - ces traductions ne cessant de s’améliorer en qualité, - c’est beaucoup moins évident pour la littérature scientifique et technique et la littérature médicale, et en particulier pour les articles écrits en coréen.

On trouve, en effet, dans la plupart des bases de données ou agrégateurs internationaux, proposant des références à des documents d’information scientifique, technique et médicale (ISTM), un nombre significatif de références d’articles écrits en anglais d’origine coréenne ou publiés par des éditeurs coréens. Nous avons été surpris au demeurant que certains n’étaient pas écrits en coréen.

En tout état de cause, la recherche par affiliation coréenne des auteurs des articles n’a finalement pas grand intérêt, car nombre d’entre eux sont co-écrits par plusieurs auteurs pas tous coréens et, dans ce cas, l’article est en anglais.

Cependant, nous avons identifié au cours de nos tests quelques titres d’origine coréenne dont les articles sont en anglais et qui ne sont pas référencés dans les serveurs/agrégateurs occidentaux.
Mais le vrai gisement original est constitué par les références d’articles écrits en coréen dont on peut être quasiment sûr que les auteurs sont coréens. Ils sont, en effet, en nombre très limité sur les serveurs/agrégateurs occidentaux : pour les publications de 2019, on trouve 2 391 références dans STN, 2 552 dans Dialog, et 3 461 dans Scopus.
Nous avons effectué pour certaines bases de données coréennes une série de tests qu’on trouvera au sein des différentes présentations.

Notre méthode pour identifier ces bases

Pour compléter les bases indiquées par le bureau Asie de l’OEB, nous avons cherché dans Scopus des articles qui mentionnaient la base de données DBpia (un terme non ambigu, nom d’une base de données). Nous y avons trouvé des références à de nombreux articles présentant des études réalisées à partir du contenu de plusieurs bases de données coréennes, dont le nom était cité.

Nous n’avons pas retenu les quelques bases réservées strictement aux membres d’institutions coréennes ni les bases de données qui ne proposaient pas d’interface d’interrogation en anglais, soit que nous n’ayons pas réussi à les identifier, soit que le producteur n’ait pas répondu à notre demande. 
Le dialogue au téléphone n’est, en effet, pas très facile, en partie en raison du décalage horaire.

Notons une exception avec la base de données DBpia dont les réponses à nos mails arrivaient systématiquement le lendemain. On ne peut manquer d’y voir une relation avec son modèle payant.

Enfin, nous n’avons pas présenté certaines bases de données, car elles paraissaient être uniquement orientées vers les sciences humaines ou sociales. Nous n’avons pas non plus présenté la base de données KISS (Korean Studies Information System) à l’adresse http://kiss.kstudy.com/, car, malgré toutes nos tentatives et nos messages au producteur de cette base de données restés sans réponse, nous n’avons pas trouvé d’autre interface de recherche que celle en coréen.

Quel contenu pour ces bases de données ?

Les problématiques ayant présidé à la création de ces bases de données sont assez diverses : il peut s’agir de promouvoir la recherche coréenne à l’étranger ou de faciliter les recherches des chercheurs coréens ou encore de mettre en avant les citations de publications coréennes.

On notera aussi une base de données mettant en avant la médecine traditionnelle coréenne (et un peu chinoise aussi) qui continue à être mise à jour avec des publications récentes.

Elles proposent toutes des références bibliographiques d’articles en anglais ou en coréen, mais aussi parfois des thèses et autres documents dans des domaines scientifiques.

Les articles écrits en coréen ont, de façon quasi systématique un titre en anglais et très fréquemment un abstract en anglais, ce qui facilite évidemment la recherche. De plus, les illustrations sont également commentées en anglais.

Et pour les contenus uniquement en coréen, en ayant Google Traduction ouvert sur son PC, on obtient facilement des traductions en français qui nous ont paru très correctes.

Les possibilités de recherche sont de qualité variable, mais souvent relativement basiques, et pas toujours faciles à bien comprendre.Dans le domaine médical, le MeSH est très présent, et certaines bases de données se valorisent en insistant sur le fait que telle revue est prise en compte dans des agrégateurs/bases de données occidentaux.

Précisons que l’accès à ces bases est en général gratuit, à l’exception de DBpia qui propose cependant des essais gratuits de six mois et de KCI Korean, produite par Clarivate dans le cadre de Web of Science. Pour celles en open access, les documents primaires sont également en libre accès, souvent via le site coréen Synapse ou via l’accès au site des publications.

Nous avons choisi de présenter séparément les différentes bases de données que nous avons retenues, en incluant les tests pour certaines.