Espacenet, un acteur clé en mutation

Philippe Borne
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390
publié en
2021.03
1578
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évaluation outils | brevets
Espacenet, un acteur clé en mutation Image 1

Qui ne connait pas Espacenet. Lors de son lancement en 1998 par l’OEB, ce service mettant gratuitement à disposition de tous l’information brevet via une interface web très intuitive a été vécu comme une révolution par les habitués des langages d’interrogation des Questel et autre STN.

Espacenet a incontestablement représenté une sorte de démo­cratisation de l’accès au contenu des brevets. Pour ceux dont le métier consiste à sensibiliser les PME à la propriété industrielle, Espacenet a aussi constitué, par son côté ludique pour l’« homme de la technique », un excellent moyen d’attirer vers cette matière ardue un public qui y est souvent rétif.

23 ans après ses débuts, et malgré le développement de nombreux outils équi­valents, Espacenet reste une référence parmi les produits en accès libre.

Le lancement en octobre 2019 d’une nouvelle version constitue un tournant important dans l’histoire de ce service.

Dans cet article, nous commencerons par rappeler brièvement les caractéristiques de la version classique d’Espacenet avant de décrire et analyser les forces et faible­sses de la nouvelle interface.
Présentation de l'auteur : Philippe Borne est depuis plus de 30 ans engagé dans les métiers de la propriété industrielle au sein de l’INPI. Il y a commencé ses activités en relation avec le projet Pharmsearch/MMS (Merged Markush Service) , une base de données couvrant les brevets des domaines de la chimie et de la pharmacie résultat d’un projet mené conjointement par Questel, Derwent en l’INPI. Il a, à ce titre, été en contact avec de nombreux professionnels et utilisateurs de l’information brevet avec lesquels il reste en lien, notamment en tant que membre du CFIB (Club Francophone d’Information Brevet).

Espacenet Classique, un rappel

Trois modes de recherches La version classique d’Espacenet offre 3 modes de recherche.

MODE 1 : « Smart search »

Il y a tout d’abord le mode dit « Smart search » (voir figure 1), constitué d’un champ unique et qui apparait par défaut lorsque l’on accède au service.

Figure 1. Espacenet Classique, écran d’accueil avec le mode Smart search.

Ce champ unique autorise deux types d’entrée :

  1. Le débutant réticent à apprendre un langage de commande élaboré peut simplement y entrer une suite de termes, noms de déposants, dates, etc. le système interprète chacun de ces termes en tant qu’année, date, nom de déposant ou mot-clé technique, et retourne un résultat. Ce mode d’utilisation fait un peu penser au masque de recherche de Google Patent, même si Espacenet ne permet pas, en revanche, de recherche sémantique. Le risque est bien entendu que le système n’analyse pas correctement un terme de recherche, et retourne un résultat erroné ; à titre d’exemple, un nom de déposant proche d’un terme technique peut être interprété de manière erronée comme étant un terme technique, et donc recherché dans le mauvais champ ;
  2. Il est également possible d’entrer dans le champ unique Smart search une ligne de commande utilisant la syntaxe d’Espacenet, car il dispose d’un langage de commande qui ne dépaysera pas l’adepte des langages d’Orbit ou autre STN.

MODE 2 : «Avancée »

 Il y a ensuite le mode de recherche dite « avancée » (voir figure 2), qui se présente sous la forme d’un formulaire d’une grande simplicité. Les infobulles ou autres vignettes accompagnant les 10 champs de recherche de ce formulaire permettent en effet au premier coup d’œil de savoir où l’on cherche (dans le titre, dans les numéros de publication, les noms de déposant ….) et sous quelle forme on doit entrer la requête.

Figure 2. Espacenet Classique, mode recherche avancée : le premier menu déroulant en haut de l’écran permet de sélectionner une base de données. De nombreux liens vers des aides contextuelles sont disponibles.

Ce formulaire permet de chercher des mots-clés dans le titre ou bien dans le titre et l’abrégé, des numéros (de demande, de publication ou de priorité), une date de publication, un nom de déposant, d’inventeur, ou un code CIB ou CPC.

Ce mode de recherche n’a donc d’avancé que le nom, il est en réalité très simple.

Tout au plus y-a-t-il un doute sur l’opération booléenne effectuée lorsque l’on rentre des termes dans plusieurs champs. Si on entre par exemple un code CIB dans le champ « CIB » et un nom de déposant dans le champ « Demandeur(s)) », les deux champs sont séparés par un AND.

Ainsi, si l’on recherche FR dans le champ « numéro de publication » et Sanofi dans le champ « Demandeur(s) » Espacenet cherchera les demandes de brevet français de Sanofi.

MODE 3 : Brevets

Le troisième et dernier mode de recherche permet de retrouver les des­criptions de codes CPC (Classification Coopérative des Brevets) ou encore de chercher des codes CPC pertinents.

Ces trois modes sont accessibles via des liens qui apparaissent à gauche de l’écran d’accueil principal.

Où cherche-t-on ?

  • En mode Smartsearch la requête est exécutée par défaut dans la base mondiale couvrant les informations bibliographiques, tandis qu’une recherche dans le texte intégral en anglais, allemand ou français ne peut se faire que dans une deuxième étape.
  • Le mode Recherche avancée permet d’exécuter directement la requête soit dans la base de données biblio­graphiques mondiale (on ne peut y chercher les mots-clés que dans « titres et abrégés », et il est préférable d’utiliser des termes anglais), ou bien dans trois bases de données recherchables en texte intégral, ces trois bases couvrant respectivement les documents publiés en français, en allemand et en anglais.

Ce qui caractérise ce mode de recherche avancée c’est donc encore une fois sa très grande simplicité, qui a permis à Espacenet d’atteindre l’objectif essentiel qu’il s’était fixé : permettre à tout public d’accéder à l’information brevet.

Un affichage des résultats intuitif

L’affichage des réponses est également très intuitif ; il se décompose en deux étapes :

  1. Une première où une liste abrégée est affichée, comportant un titre, les noms de déposant et d’inventeur, les codes CIB et CPC, de même que le numéro de publication de la demande, immédiatement suivi du numéro du brevet s’il a été délivré ;
  2. Le titre est un lien hypertexte qui permet d’accéder ensuite à la totalité du contenu du document (description, revendications, dessins), de télécharger le document intégral lui-même sous format PDF, d’accéder aux documents cités/citants, à la famille du document et au statut juridique. Des liens permettent de basculer vers certains registres nationaux, de même que, pour certains offices, aux pièces du dossier.

L’export, jusqu’à 500 résultats, est possible au format csv ou xls, mais nécessite une manipulation fastidieuse qui consiste préalablement à devoir télécharger manuellement toutes les pages de 25 résultats (en mode « Etendre ») ou 50 résultats (en mode « Compact »).

Une absence de fonctionnalités d’analyse

Le gros manque de cette version concerne l’absence totale de fonctions d’analyse statistique.

De ce fait l’utilisateur qui effectue une recherche par mots-clés dans le but d’identifier, à partir du premier lot de réponses obtenues, des entrées CIB ou CPC doit à cette fin parcourir les documents un à un, repérer à partir des titres des documents pertinents, vérifier la définition des codes CIB/CPC attribués à ces documents et rassembler ceux qui lui semblent utiles.

De la même manière, aucune fonction d’affichage basée sur des codes couleur associés à des groupes de mots-clés n’étant disponible, l’analyse de lots importants de documents n’est pas aisée.

Tout ceci rend ce service adapté pour un débutant souhaitant effectuer une recherche préliminaire « pour voir ». Mais ce service est dépourvu des fonctionnalités qui caractérisent les outils professionnels, ce qui semble normal puisqu’Espacenet est un service gratuit à vocation de sensibilisation.

Le nouvel Espacenet

Nouvelle interface, nouvelles modalités de recherche

C’est donc cette interface classique que l’OEB a souhaité faire évoluer ; la démarche a impliqué la consultation des utilisateurs et s’est traduite après plusieurs mois de travail par la livraison de la nouvelle version à l’automne 2019 disponible à l’adresse : https://worldwide.espacenet.com/.

Commençons donc par l’écran d’accueil (voir figure 3). Ce qui frappe d’emblée c’est l’aspect totalement différent de cet écran d’accueil.

Figure 3. Ecran d’accueil de la nouvelle interface

  • Le terme « Smart search » n’apparaît plus. Le champ unique correspondant à ce mode de recherche figure en haut de l’écran avec la mention « Entrez les termes de votre recherche », ce qui permet de comprendre que c’est bien à ce niveau que l’on doit entrer ses termes de recherche.
  • La recherche dans la classification est quant à elle accessible via un lien dans le bandeau noir figurant sous le logo de l’OEB.
  • Quant au mode de recherche avancée, on peut l’ouvrir, non pas via un lien, mais par l’activation d’un bouton bascule (encadré rouge dans la figure 3) qu’il faut déplacer vers la droite en cliquant dessus.

Le masque de recherche avancé est totalement différent de celui de la version classique d’Espacenet, et présente un format original très peu (voire jamais) observé sur les autres bases de données brevet (voir figure 4).

Si l’on devait essayer de le décrire de manière logique, on pourrait dire que ce menu de recherche avancée est constitué de blocs élémentaires, un bloc élémentaire (pavé grisé dans la figure 4) étant constitué d’un ou plusieurs champs de recherche combinés par un opérateur booléen AND, OR ou NOT.

Figure 4. Recherche avancée de la nouvelle interface

Dans la figure 5 par exemple, on a un premier bloc où l’on cherche les documents comprenant le mot-clé pseudomonas dans les champs « titre ou abrégé » OU le mot-clé escherichia dans ces deux mêmes champs. Le bloc du dessous, construit selon le même principe, cherche des noms de déposant.

Figure 5. Exemple de recherche avancée

Les blocs peuvent ensuite être combinés entre eux, de nouveau par une logique AND, OR ou NOT. Et des ensembles de blocs peuvent à leur tour être combinés entre eux, le tout sur le mode emboîtement de poupées russes.

Outre les logiques booléennes traditionnelles, ce système permet également d’utiliser des opérateurs de proximité ou de comparaison. Au fur et à mesure que l’utilisateur remplit ses champs et choisit ses opérateurs, il voit apparaître dans le champ de recherche dit Smart search - avec un certain émerveillement oserais-je dire - l’équation de recherche produite 

Dans le cas de notre exemple ce serait :

(ta all “pseudomonas” OR ta all “escherichia”) AND (pa any “Pfizer” OR pa any “Glaxo”)

Comparé au mode de recherche avancée de la version classique d’Espacenet, ce nouveau mode étend considérablement les possibilités de la recherche.
L’affichage simultané dans le champ unique figurant en haut de l’écran (le mode Smart search) de l’équation au fur et à mesure que l’on remplit les champs, aidera aussi celui qui souhaite apprendre ce langage. On a de fait le sentiment que cette interface a été conçue par des experts du langage de commande souhaitant convertir à son utilisation l’utilisateur néophyte.

Il est toutefois clair que la manipulation de cette logique demande un minimum de formation, et même plus si on veut en tirer tous les avantages. Alors que le mode de recherche avancée de la version classique d’Espacenet pouvait être utilisé par le débutant après seulement quelques minutes d’observation.
Un mode permet de disposer d’info­bulles, mais qui semblent insuffisantes pour permettre une compréhension rapide du fonctionnement de tous les aspects de l’interface.

Contrairement à la version classique, il faut donc suivre une formation minimum en bonne et due forme pour aborder cette interface, ou il faut à tout le moins s’y plonger un minimum de temps.

Tous les liens d’aide contextuels caractérisant la version classique d’Espacenet sont en outre absents de cette nouvelle version. Il y a bien un lien vers une aide ; mais cette aide ne paraît pas suffisante pour un utilisateur non-expert.
Celle-ci affiche par défaut un glossaire avec la définition des termes usuels dans les bases de données brevet (CIB, date de priorité, famille simple ….). Elle donne aussi accès à un guide de poche de 4 pages qui concerne le langage de commande (ce qui s’adresse plutôt aux utilisateurs experts) et parle des « Identificateurs de champs dans « Smart search », alors que, comme nous l’avons vu, le terme « Smart search » a disparu de l’écran d’accueil.

On trouve dans ce guide également une explication sur les filtres, que nous évoquerons plus loin.

Figure 6. Résultats de la nouvelle inteface

Enfin l’aide donne accès à un document de 8 pages expliquant les différences entre la version classique d’Espacenet et le nouvel accès ; ces différences sont présentées sous une forme textuelle en mode tableau, sans aucun visuel (capture d’écran) qui permettrait de rendre la compréhension plus aisée. Il y est parfois question de sujets très techniques (notamment en relation avec le format des numéros de publications, EPODOC ou DOCDB).

Le débutant pourra toutefois visionner un film de 2mn20 résumant à grands traits les fonctionnalités de l’interface.
On repère également un lien vers des Webinaires enregistrés « Watch a recording of the online seminar » et « Advanced features of Espacenet : Watch a recording of the online seminar », renvoyant vers deux webinaires d’une heure environ, très informatifs, mais visiblement disponibles uniquement en anglais.
Il pourrait être utile que les liens vers ces webinaires soient plus apparents sur la page d’accueil principal. Et on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque, en particulier pour le débutant, un manuel utilisateur bien documenté et informatif.

Interface de recherche totalement nouvelle donc, mais où recherche-t-on ?

On arrive là à un changement majeur : avec le nouvel Espacenet, les recherches sont exécutées dans une seule base de données regroupant les traditionnels champs bibliographiques que sont titre et abrégé, et le texte intégral, c’est-à-dire description et revendications ; alors que, comme expliqué plus haut, l’ancienne version offre quatre bases, la base mondiale permettant une recherche dans titre et abrégé, et trois bases où l’on peut chercher dans le texte intégral, ces trois bases couvrant respectivement les documents publiés en français, ceux publiés en allemand et ceux publiés en anglais.

Dans le nouvel Espacenet, toute l’information est réunie dans une seule base de données mondiale où il est possible de chercher dans tout le texte des demandes de brevet. Qui plus est, une partie des collections non anglophones a fait l’objet d’une traduction machine vers l’anglais, permettant d’une manière transparente la recherche dans ces documents via une requête utilisant des termes anglais.

Un affichage complètement différent

L’affichage des réponses est lui aussi totalement différent de celui offert par l’interface classique.

L’écran est partagé en bandeaux verticaux. Dans la figure 6, on verra à gauche le masque de recherche, au centre les résultats, à droite une réponse individuelle.

Avec ce type d’affichage, la consultation des réponses est plus aisée sur un grand écran. On peut toutefois masquer le masque de recherche avancée pour laisser plus de place aux deux bandeaux de droite dédiés à l’affichage des réponses.

Plusieurs menus déroulants permettent d’accéder aux différentes parties d’un document (voir figure 7), aux autres documents de la famille, ou à la traduction automatique (voir figure 7 également).

Figure 7. Accéder aux différentes parties du brevet

Autre avantage notable, l’introduction de filtres assez performants, utilisables comme outils d’analyse statistique, et permettant d’enchainer une première recherche bibliographique, l’analyse du résultat obtenu pour identifier les entrées CIB ou CPC pertinentes, puis une seconde stratégie basée sur ces entrées CIB et CPC.

Cet enchainement était fastidieux sur la version classique d’Espacenet, l’utilisateur qui voulait identifier des entrées CIB/CPC étant condamné à parcourir une à une les références produites par la recherche mots-clés.

Ces filtres sont accessibles via un autre bouton bascule (voir figure 8).

Figure 8. Filtres accessibles avec un bouton bascule

Mon expérience personnelle m’amène toutefois à recommander la prudence, notamment lors de l’utilisation du mode de filtrage « Publication » (voir figure 8)

Notre avis :

Globalement, mon impression per­sonnelle est que cette nouvelle version est bonne pour un utilisateur intermédiaire, dans la mesure où elle offre gratuitement un niveau de langage de recherche ordinairement accessible uniquement sur les serveurs payants ; mais qu’elle n’est peut-être pas suffisamment intuitive pour remplir la mission de base d’Espacenet qui est de faciliter l’utilisation de l’information brevet par le néophyte, qui n’a pas de temps à consacrer à l’apprentissage d’une interface élaborée.

Les premiers retours utilisateurs sur la nouvelle interface

Une table ronde qui a eu lieu au salon EPOPIC le 4 novembre dernier, de même qu’une enquête faite par l’OEB, confirme le sentiment ambivalent des utilisateurs. C’est ce sentiment qui explique probablement que plus d’un an après l’ouverture de la nouvelle version (dite Espacenet New), l’ancienne version (dite Espacenet Classic) ne soit toujours pas fermée.

Les deux responsables du projet à l’OEB (Roland Feinäugle et Johannes Schaaf), sont intervenus lors de cette table ronde, de même qu’Andrée Lahaye, également de l’OEB (ayant travaillé sur l’analyse de données statistiques et le feedback utilisateurs en 2020).

Des chiffres d’utilisation ont été communiqués : en février 2021, soit un an après le lancement, 345 000 utilisateurs ont utilisé le nouvel Espacenet mais 470 000 sont restés sur l’ancienne plateforme, soit plus de la moitié.

Ceux qui utilisent le plus la nouvelle plateforme sont les Américains, les Allemands, les Indiens, les Chinois et les Anglais.

Après une présentation préliminaire des intervenants, le public a été divisé en deux groupes chargés de répondre à plusieurs questions :

Première question : si vous utilisez toujours la version classique d’Espacenet, pourquoi n’êtes-vous pas encore passé sur la nouvelle ?

Ce à quoi il a été répondu :

1. l’URL de l’ancienne version est dans mes favoris ;

2. je suis habitué à cette version et c’est plus rapide pour moi de l’utiliser ;

3. je préfère l’affichage des résultats de cette version où toutes les étapes de publication (A1, B1, …) sont affichées ;

4. l’ancienne version est plus rapide à utiliser pour les recherches simples ;

5. je l’utilise par habitude.

La seconde question était : qu’appréciez-vous le plus sur la nouvelle version et pourquoi ?

Les réponses ont été les suivantes :

1. les dessins et le texte sont affichés sur le même écran ;

2. l’intégration de la traduction (Patent Translate) ;

3. la navigation est plus facile ;

4. l’utilisation des statistiques pour identifier les demandes prioritaires ;

5. la visibilité et la synchronisation de Smart search et de la recherche avancée en même temps ;

6. lorsque l’on regarde le texte intégral des résultats, la facilité de naviguer dans celui-ci ;

7. la traduction des revendications.

Troisième question : qu’est-ce que vous appréciez le moins sur la nouvelle version et pourquoi ?

Ce qui a conduit aux réponses suivantes :

1. les résultats sont affichés à gauche avec un énorme espace blanc sur la droite (pas d’optimisation de l’espace) ;

2. la recherche avancée est complexe et pas facile à comprendre ;

3. la recherche avancée est basée sur un concept tout à fait différent et demande beaucoup de travail pour être utilisée ;

4. le téléchargement des documents n’est pas directement accessible ;

5. on ne sait pas quels sont les documents où le texte intégral est couvert et donc cherchable.

La quatrième question se rapportait aux souhaits des utilisateurs en termes d’amélioration, ce qui a amené une longue liste où l’on relève :

1. permettre à l’utilisateur de déterminer ou sélectionner ce qu’il veut voir à l’écran, par exemple autoriser le masquage ou de redimensionner les différentes composantes de l’écran ; cet aspect rendait l’utilisation du nouvel Espacenet quasi impossible sur des petits écrans et a été réglé dans une version récente ;

2. une recherche avancée plus facile d’utilisation, ou des explications sur comment l’utiliser ;

3. plus d’explication, un meilleur support technique, des fiches techniques comme sur la version classique ;

4. la possibilité de combiner des sets de réponses ;

5. augmenter le nombre de mots-clés autorisés dans une stratégie (actuellement la limite est de 10 par marqueur de champ et 20 au total) ;

6. dans la page dédiée à la couverture des données en texte intégral, indiquer ce qui est cherchable et ce qui ne l’est pas, ce qui est issu d’une traduction.

Cette liste fait en particulier ressortir deux points, dont un déjà mentionné plus haut, qui mériteraient une amélioration :

  • une présentation constituée de fenêtres multiples (une dédiée au menu de recherche, l’autre à la liste de réponses, une troisième au contenu de chaque réponse, une quatrième aux filtres), qui peut rendre la lecture difficile sur un écran de petite taille ;
  • concernant la recherche dans le texte intégral, un manque d’information sur les offices où ce texte est disponible en anglais, et lorsqu’il l’est, s’il s’agit du texte original ou d’une traduction.

L’OEB a aussi présenté le résultat d’une enquête et des retours obtenus des utilisateurs.

La complexité de la nouvelle version apparait comme la raison principale expliquant le refus de passer au nouvel Espacenet pour certains utilisateurs.

Les demandes d’amélioration rejoignent celles issues de la table ronde : un accès plus direct et plus visible aux fonctions et informations essentielles, en particulier au téléchargement du document original et aux liens vers les registres ; la possibilité de cacher ou ajuster différentes parties de l’écran de manière à en afficher certaines en grand écran ; une recherche avancée plus facile d’utilisation, en particulier un formulaire de recherche simple comportant des champs prédéfinis (en quelque sorte le mode recherche avancé de la version classique d’Espacenet).

Dans sa conclusion, l’OEB a assuré aux participants que leurs demandes seraient ajoutées à la liste d’améliorations tenue par l’office européen, qui ferait de son mieux pour mettre à disposition une documentation sur les aspects les plus complexes du nouvel Espacenet.

En conclusion

Il faut saluer le travail considérable qui a été accompli pour arriver à ce nouvel Espacenet.

Il faudrait peu de chose pour le rendre totalement adapté aux débutants : un mode de recherche intermédiaire entre le mode Smart search et le mode avancé très évolué actuellement disponible, quelques courts webinaires sur les aspects principaux de l’interface, et une documentation détaillée et informative.

L’OEB est depuis longtemps un acteur majeur de l’information brevet (re­pensons à l’engagement de Jacques Michel, lorsqu’il était vice-président de l’OEB, sur la mise en place d’Epoque, l’outil de recherche encore utilisé actuellement par les examinateurs). L’OEB a été un pionnier dans la mise en place pour le grand public d’un accès à des informations qui jusqu’à la fin des années 90 étaient accessibles uniquement aux professionnels via des interfaces payantes. Et, nous le disions plus haut, Espacenet, à côté d’autres produits en accès libre apparus plus récemment - sans oublier les offices de brevet offrant eux-mêmes un accès libre - a joué un rôle irremplaçable dans la sensibilisation des entreprises, notamment des PME, aux enjeux de l’information brevet.

Attendons donc avec confiance la suite des évènements.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que son auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de ses employeurs ou associations dont il peut être membre.

http://documents.epo.org/ projects/babylon/eponot.nsf/0/ 9150186096F3FE21C125861F002907E7/$File/ DR8%20-%20Report%20Final.pdf