Brevets et littérature scientifique: l'irrésistible développement de la Chine

François Libmann
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328
publié en
2015.07
819
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information scientifique et technique | brevets
Brevets et littérature scientifique: l'irrésistible ... Image 1

Tout le monde connaît maintenant le développement fulgurant de la technologie chinoise qui se traduit par une augmentation considérable à la fois des dépôts de brevets et du nombre d’articles scientifiques.

Le développement des brevets d’origine chinoise

Les brevets chinois sont bien sûr présents chez tous les grands serveurs internationaux payants de brevets tels Orbit, Patbase, Thomson Innovation, TotalPatent et aussi sur STN et Proquest Dialog qui ne sont pas limités aux brevets.

Par ailleurs, des accès gratuits sont disponibles sur Espacenet et le SIPO, l’office chinois des brevets.

Aujourd’hui, dans la quasi totalité des cas, quand un brevet d’origine chinoise n’a pas d’équivalent en anglais, des traductions sont disponibles, mais sont, au moins pour le texte complet, des MAT (Machine Assisted Translations) de qualité variable même si la tendance est à l’amélioration. En effet Orbit vient d’opter pour un moteur de traduction plus performant et les traductions sur Espacenet ont plutôt bonne réputation.

En reprenant des éléments de la très intéressante conférence de Samuel Hutsebant (SNF) et Philippe Bordart (Total) donnée à la réunion annuelle du CFIB (Club francophone de l’information Brevet), on a pu observer les nombreuses et complexes évolutions des modes de classement, numérotation, codes, tant des brevets que des modèles d’utilité par l’office chinois depuis sa création en 1965. Ils ont également identifié les sites offrant de la littérature chinoise non brevet que nous présentons ci-après.

 

Pour finir ici sur les brevets rappelons que le site de Vienne de l’Office Européen des brevets a une équipe dédiée aux questions relatives aux brevets asiatiques et organise chaque année au mois d’avril un Forum « East meets West ». Contact: 431 521126 4545, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Développement parallèle de la littérature non brevet chinoise

Comme pour les brevets, le volume de littérature scientifique d’origine chinoise est énorme et en croissance.

Si, dans SCOPUS, on sélectionne l’ensemble des publications dont l’affiliation de l’auteur est chinoise, on trouve plus de 3,9 millions d’articles et 465 000 si on se limite à l’année 2014.

Sur l’ensemble, 72% sont écrits en anglais et 81% pour les publications de 2014.

On trouve, bien sûr, également des références d’articles d’origine chinoise dans l’ensemble des banques de données de littérature scientifique et technique disponibles sur des serveurs tels que STN ou Proquest Dialog.

Par exemple, dans Inspec (électronique, informatique, physique) on trouve 742 000 articles d’origine chinoise dont 627 000 en chinois soit 84%. Pour 2014 on trouve 41 000 références d’articles d’origine chinoise dont 35 200 en chinois soit 86%. Dans Compendex les chiffres sont du même ordre.

On remarquera que les proportions d’articles en langue chinoise d’origine chinoise sont extrêmement différentes entre Scopus et les banques de données telles qu’Inspec ou Compendex.

La raison qui paraît la plus évidente est que les producteurs de ces banques de données privilégient nettement plus que Scopus les publications chinoises en chinois.

Outre ce qui est disponible sur les serveurs, mais qui est mélangé aux références de documents dans d’autres langues, on trouve trois sites spécialisés dans la littérature chinoise non brevet.

CAOD (China/Asia on demand)

(http://caod.oriprobe.com) qui propose 10 032 titres (chiffre de mars 2015) et des millions d’articles, thèses et mémoires.

Ce site offre l’abonnement à des revues, ainsi que la recherche de documents tels que des articles dont on peut demander une copie.

A titre d’exemple, nous avons identifié dans Scopus la référence d’un article écrit en chinois. Nous l’avons identifié dans CAOD.

Il nous a fallu quelques minutes et 29,95 $ (ce qui est un prix classique) pour en obtenir la copie.

Nous avons demandé un devis pour un « Assisted Human translation service » qui est arrivé quelques heures plus tard avec un prix de 290 $ et un délai de livraison de 2 à 5 jours ouvrés.

CNKI

CNKI a été lancé en 1996 par l’Université de Tsinghua et le Tsinghua Holdings Group avec l’ambition de numériser en masse les ressources chinoises et de créer une plateforme pour l’accès à ces données et à des services à valeur ajoutée.

Ce site offre un nombre impressionnant de banques de données et de documents. On peut chercher les banques de données une à une ou plusieurs à la fois en utilisant, si on le souhaite, une interface en anglais.

Parmi elles, China Academic Journals Full-Text Database se présente comme la plus grande banque de données au monde offrant le texte intégral de revues académiques.

Tous les domaines sont couverts: sciences naturelles, ingénierie et technologie, agriculture, médecine et sciences sociales.

Le tout à partir de 8 077 publications académiques chinoises et plus de 44 millions de documents.

Les informations sont ventilées en 10 séries, lesquelles sont divisées en 168 sujets et 3 600 sous sujets, le tout depuis 1915.

La mise à jour est quotidienne pour les serveurs centraux et mensuels pour les sites miroirs présents dans différents pays.

Citons aussi la « China Master These Full-Text Database » qui a collecté 2 375 170 thèses auprès de 670 institutions.

Son équivalent pour les thèses doctorales en réunit 265 850 depuis 1984 en provenance de 423 institutions.

On trouve une banque de données sur les conférences «domestiques» au nombre de 1,9 million de conférences issues de 15 838 proceedings.

On trouve aussi une banque de données sur les conférences internationales avec 553 128 conférences issues de 5 206 proceedings.

On trouve enfin plus de 13 millions d’articles issus de 605 quotidiens chinois depuis 2000.

Ce site est accessible sur abonnement et, bien sûr, une période d’essai gratuit est proposée.

Comme on l’aura compris, l’essentiel du site est en chinois mais outre l’interface en anglais, plus de 400 journaux académiques sont en anglais.

  • Lien : http://cnki.net

Wanfang Data

Une troisième source spécifiquement chinoise est Wanfang Data qui est depuis les années 50 une «task force» de l’ « Institute of Scientific & Technological Information of China (ISTIC) et du Ministère chinois de la science et de la technologie ».

La société Wanfang Data Co Ltd a été créée en 2000 et son capital est réparti aujourd’hui entre plusieurs partenaires.

Wanfang Data couvre une très grande variété de sujets, scientifiques ou non, incluant, en particulier, la médecine chinoise traditionnelle. Les types de documents sont également très variés: articles, thèses, conférences, brevets, normes, données statistiques…

Cette société se présente elle aussi comme le leader de la fourniture de ressources chinoises.

Le site est, comme CNKI, accessible avec un abonnement et une possibilité de test gratuit.

On notera, qu’outre les sources en chinois, on trouve une banque de données sur les publications en anglais et une autre sur les conférences ayant eu lieu en Chine en anglais.

En janvier 2015, Wanfang Data donnait une série de chiffres concernant son contenu: plus de 30 millions d’articles, plus de 3,15 millions de thèses, plus de 2,7 millions de conférences, 12 120 experts, près de 44,7 millions de brevets et 387 971 normes, plus de 10 000 statistiques économiques et aussi 30,7 millions d’articles en anglais.

  • Lien : www.wanfangdata.com

On voit donc que pour ceux qui souhaitent investir dans la production scientifique chinoise, brevets comme littérature, l’offre est là et il vaut mieux s’investir aussi dans la connaissance de la langue chinoise ou … recruter un chinois natif.